Je constate, dans la manière dont nous conduisons nos opérations au Mali, qu'au moins les trois services du ministère de la défense sont parfaitement complémentaires, la DRM dans le renseignement tactique, la DGSE dans le renseignement hors métropole et la DPSD dans le renseignement intérieur. L'articulation me paraît satisfaisante.
J'ai voulu vous montrer, par l'image, la disparition complète du cloisonnement du renseignement aujourd'hui, non seulement au sein de la défense, mais également des six services. Trois cercles figurent le territoire national, la zone des opérations aujourd'hui, donc le Sahel, et la grande sous-région africaine qui va du Sénégal à Djibouti. La manière d'approcher les menaces se fait, sur chacun des trois cercles, selon la grille TESSCo (terrorisme, espionnage, sabotage, subversion, crime organisé) définie par la DCRI. Aujourd'hui, la menace terroriste qui touche nos forces est vraie sur le théâtre des opérations, par exemple à Gao ; elle existe au Niger sur la base aérienne sur laquelle sont déployés nos drones ou nos aéronefs ; elle est probablement vraie aussi en Côte d'ivoire, qui a projeté des forces au Mali et qui, finalement, constitue pour sa base arrière une cible à la fois militaire mais également civile au travers des familles. Elle est aussi vraie sur le territoire national. Aujourd'hui, la menace est transverse sur ces trois cercles.
On se rend compte que toutes les menaces se rejoignent ou concourent au même effet final recherché. Les stupéfiants ont des fins financières, le commerce de l'armement a vocation à armer des gens que l'on pourrait trouver en face de nous, à la fois d'Est en Ouest, mais aussi du Nord au Sud. Aujourd'hui, une nouvelle famille a été identifiée, celle d'individus qui quittent la France pour aller combattre en Syrie, puis qui reviennent en France et que l'on retrouvera peut-être au Sahel demain, qui y sont peut-être déjà. Ces individus, qui peuvent avoir des liens familiaux ou amicaux avec nos propres militaires, ou même en être, constituent un axe combattant dans lequel il faut intégrer les mercenaires auxquels certains pays peuvent avoir la tentation de faire appel, recours prohibé par la loi mais que la faiblesse des contrôles rend peu risqué. Imaginez un militaire partant en vacances en Afghanistan, au Pakistan ou ailleurs. Son compte en banque étant alimenté à hauteur du SMIC, on peut s'interroger sur la manière dont il finance ses voyages. Dans ce cas, l'appui d'un service de renseignement tel que TRACFIN est extrêmement intéressant pour nous.
Dans les endroits où nous sommes déployés, finalement tout est lié. Les trois services sont concernés par le suivi de nos affaires, l'objectif étant d'éviter les intervalles dans ce suivi. Ainsi, nous suivons un garçon qui appartient aujourd'hui à la défense, dont le contrat va s'arrêter dans six mois, et qui a tendance à aller passer des vacances dans des endroits peu recommandables. Quand il quitte le territoire national, c'est la DGSE qui le prend en charge ; quand on s'interroge sur la façon dont il finance ses voyages, on s'adresse à TRACFIN ; quand il revient en France, c'est la DCRI qui le reprend et qui le suivra quand il aura fini ses services chez nous. On est là vraiment dans la prévention. Le pire serait qu'un individu identifié soit laissé dans la nature. Chacun des six services a un type et une zone d'action, un rôle et une place ; aucun ne doit faire la même chose que l'autre, ce qui serait contreproductif. Depuis deux mois, les cas que j'ai traités ne m'ont pas fait ressentir un tel sentiment. J'ai trouvé plus de complémentarité dans nos services et d'efficience chacun dans son métier que de superposition.
Pour la partie maritime de la question, nous avons un poste DPSD à Brest.