Votre question soulève une des quatre dualités que j'ai identifiées en prenant ma fonction : comment concilier capteurs humains et capteurs techniques pour un service de renseignement comme le nôtre ? Si je devais faire des choix dans mon organisation future, je souhaiterais ne pas réduire le nombre de capteurs humains dont je dispose, car ce sont eux qui nous permettent de valider une observation effectuée par des capteurs techniques. En fait, c'est une boucle vertueuse. Le capteur humain, aujourd'hui, c'est le contact de chef à chef, celui qui permet de constater, par exemple, que, dans un régiment, un jeune qui n'a pas d'origine maghrébine s'est converti à l'islam ou qu'un garçon d'origine maghrébine, se radicalise. Un capteur technique ne saura pas évaluer ces situations. C'est vrai que, sous contrainte budgétaire, la tentation peut être forte de sacrifier l'humain, mais je reste convaincu que, dans mon domaine, le capteur humain est absolument indispensable.