Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 6 février 2013 à 11h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Drian, ministre de la défense :

Si des bruits ont couru sur le caractère payant de certaines prestations assurées par nos alliés, c'est que la tentation en a été forte et parfois même au-delà. Aujourd'hui, je ne dirai pas comment, mais tout cela est réglé, y compris pour ce qui est du ravitaillement en vol américain.

Les effectifs s'élèvent à 4 000 hommes sur le théâtre malien, et l'on peut considérer que nous avons atteint grosso modo l'étiage. À mesure que la force africaine viendra se substituer à certaines de nos missions, ce chiffre ira en diminuant. En tout, un peu plus de 5 000 personnels militaires sont mobilisés par l'opération Serval à partir de différents pays : Tchad, Sénégal, Côte d'ivoire, Niger et Burkina Faso. Tous sont éligibles aux OPEX mais sont pris en compte au titre de l'opération Serval. Certains éléments, déjà en prépositionnement l'année dernière, par exemple à N'Djamena ou à Abidjan, sont venus aider au Mali puis retrouveront leur prépositionnement initial après avoir été remplacés par des unités venues de France, mais toujours en comptabilité OPEX.

La plupart des responsables de nos forces étant plutôt occupés par le Mali en ce moment, le Livre blanc a pris un peu de retard. Inévitablement, cette opération suscitera quelques réflexions à intégrer dans la discussion finale de ce Livre blanc. Dès à présent, j'en retiens trois.

La première est que nous avons une armée de terre extrêmement réactive. Alors que le Président de la République avait donné l'ordre le 11 janvier, les forces spéciales et l'armée de terre sont intervenues au sol très vite, dès le 12. Je leur tire mon chapeau, car c'est un exercice extrêmement difficile. Il faudra s'assurer, dans le Livre blanc, du maintien du dispositif Guépard qui a permis cette réactivité. Je rassure mon chef de cabinet militaire, général de corps d'armée dans l'armée de l'air, cette remarque n'emporte pas comparaison avec l'armée de l'air dont la réactivité est un élément constitutif.

Une deuxième réflexion concerne le prépositionnement qui s'est révélé extrêmement efficace pour la projection sur le théâtre malien, en particulier à partir de N'Djaména et d'Abidjan.

Lors de la précédente législature, mon prédécesseur et l'Assemblée nationale avaient fait les mêmes constats que les miens concernant nos carences en termes de ravitaillement en vol, de transport et de renseignement. Il s'agit d'une troisième piste de réflexion.

En matière de ravitaillement en vol, d'abord, le manque est flagrant, et nous sommes aujourd'hui suppléés par les Américains. Vous concevez l'importance de l'enjeu alors que nous cherchons actuellement à maintenir une présence aérienne sur la durée au-dessus du nord du Mali.

Le manque concerne aussi le transport. Dans le cadre de l'opération au Mali, en dehors de l'aide américaine et canadienne, nous recevons un soutien logistique des Britanniques, des Belges, des Danois, des Suédois, des Espagnols ou des Allemands. Globalement, ce dispositif fonctionne, même si nous rencontrons parfois des problèmes dus à la diversité des normes. Les Européens ne peuvent-ils pas tirer la leçon de cette expérience, et constituer un pool de moyens de transport ? Le Livre blanc devra sans doute poser la question de la mutualisation. Cela dit, cette carence logistique a été comblée par des contributions européennes gratuites.

Nous constatons enfin une insuffisance notoire en drones d'observation. Ceux qui sont basés à Niamey, au Niger, ne nous permettent pas de couvrir complètement le territoire malien qui est extrêmement vaste. Nous nous appuyons sur un partenariat américain, mais ce n'est sans doute pas une solution pérenne. La question du recours à une technologie nationale ou à une mutualisation européenne se pose. Sur ce dernier point, les choses sont plus compliquées car les intérêts des uns et des autres peuvent être divergents. Néanmoins, j'ai déjà abordé le sujet avec mes homologues allemands et britanniques.

À la date du 1er février, le surcoût pour les munitions s'élève à 5 millions d'euros au titre de l'OPEX. Ce montant sera plus élevé à terme puisque, depuis trois jours, des actions de ciblage sont engagées dans l'Adrar des Ifoghas – des cibles très spécifiques ont fait l'objet de bombardements intensifs.

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