Vos propos sont le reflet exact de ce que nous avons pu voir sur place.
J'insisterai pour ma part sur l'affrontement entre les islamistes, notamment les forces les plus radicales que sont les salafistes et les djihadistes, et les forces laïques, démocrates, libérales et marxistes. Je cite ce dernier courant, car j'ai senti était bien présent au sein du Front populaire tunisien et de l'UGTT.
L'issue de cet affrontement est vraiment incertaine. Hamadi Jebali, homme politique modéré – expression sans doute préférable à celle d'islamiste modéré – a compris l'évolution de la société et le parti qu'il pouvait tirer d'une approche plus ouverte. C'est probablement quelqu'un dont on va continuer à parler.
On sent qu'une victoire des forces laïques est possible en Tunisie, contrairement aux autres pays arabes, me semble-t-il. D'où l'importance capitale de ce pays. La victoire de ces forces en Tunisie pourrait avoir des conséquences importantes ailleurs.
J'ai été frappé par l'extraordinaire tonicité de la société civile tunisienne. L'UGTT est manifestement un point d'appui, y compris pour les autres forces d'opposition. Cette société civile n'est pas née il y a deux ans seulement. Les forces de l'esprit n'ont pas été anéanties par la dictature de Ben Ali.