La question de la diaspora est effectivement importante. Nous avons rencontré des franco-tunisiennes membres d'Ennahda, ce qui montre que même les islamistes ont un lien culturel avec la France. C'est un autre motif d'optimisme.
Pour ce qui est de la politique étrangère, nous avons essayé d'en parler avec nos interlocuteurs, mais ils se concentrent sur leurs problèmes intérieurs.
Quant au CPR, nous avons failli être reçus par le président Marzouki, mais ce fut impossible à cause d'autres entretiens qui avaient déjà été fixés.
S'agissant des sentiments et des slogans anti-français, il est évidemment facile de critiquer l'attitude passée de la France et les extrémistes continueront sans doute à user de cette ficelle. Cependant, je ne pense pas qu'un sentiment anti-français puisse prendre en profondeur dans la société civile tunisienne, pour laquelle notre pays reste une référence culturelle et politique. De plus, les Tunisiens comptent sur nous pour être leurs avocats vis-à-vis de la communauté internationale et en particulier dans l'Union européenne.
Je conclurai en évoquant deux forces qui ont un rôle différent mais que l'on peut évoquer ensemble : l'UGTT et l'armée. L'UGTT est très visible en matière économique, sociale et politique. L'armée veille au contraire à ne pas l'être, mais elle est là et bénéficie d'un grand prestige. Il ne faut pas oublier que c'est le chef d'état-major qui a refusé de tirer sur les manifestants et a contraint le président Ben Ali à l'exil. On peut penser que l'armée ne laissera pas non plus le chaos s'installer.