Monsieur le député, vous avez parfaitement raison : j'évoquais tout à l'heure l'enjeu de la modification des comportements en faveur de la performance, de l'efficacité et de la sobriété énergétiques. Le mot « sobriété » résonne d'ailleurs parfois comme un synonyme de « restriction », alors qu'il s'agit de permettre à chacun d'accéder à un confort de vie normal.
La plus forte sensibilisation au changement des comportements réside dans la réduction de la facture et dans l'impact financier des économies d'énergie qui peuvent être réalisées par les consommateurs. Il faut en effet déployer des politiques publiques puissantes en faveur des économies d'énergie : c'est l'enjeu du bonus-malus, qui permettra aux consommateurs de disposer d'un signal incitatif et lisible sur leur facture d'énergie. 75 % des consommateurs percevront ce bonus : voilà déjà un encouragement très significatif aux économies d'énergie.
Le deuxième élément de sensibilisation consiste en un développement des compteurs intelligents – d'électricité ou de gaz – qui permettront aux utilisateurs de suivre en temps réel leur consommation, et donc de mieux la maîtriser. Cela nécessitera certainement aussi – nous en discuterons dans le cadre de la transition énergétique – une évolution des tarifs eux-mêmes. C'était, à l'origine, le principe du tarif « tempo » : l'énergie devait être plus chère aux heures de pointe et moins chère aux heures creuses. Nous devrons certainement réfléchir à cette question de l'évolution des tarifs.
Le troisième élément de sensibilisation correspond à des grandes campagnes d'information. Tout le monde se souvient de la campagne menée à la fin des années 1970 sur le thème de la « chasse au gaspi », qui fait encore référence aujourd'hui. Il ne s'agira pas de refaire la même chose, mais il est prévu que l'ADEME engage des campagnes de communication à destination du grand public sur la question des économies d'énergie. Elle dispose des budgets pour effectuer ce travail parallèlement à la réalisation du plan de rénovation thermique. Le futur président de l'ADEME était d'ailleurs auditionné tout à l'heure par la commission du développement durable.
La meilleure campagne de communication consiste sans doute à donner la parole à ceux qui ont réalisé des travaux dans leur maison. Avec Cécile Duflot, nous étions la semaine dernière à Melun, en Seine-et-Marne, chez un monsieur ayant réalisé chez lui des travaux à hauteur de 19 000 euros, pris en charge par le programme « Habiter mieux » avec néanmoins un reste à charge de 8 000 euros – c'est peut-être sur ce point que les dispositifs doivent évoluer aujourd'hui. Ce monsieur réalisera 2 000 euros d'économies par an sur ses factures de chauffage et d'électricité. Un tel exemple reste quand même le témoignage le plus convaincant pour favoriser un certain nombre de travaux et accélérer les changements de comportements.