Intervention de Bruno Léchevin

Réunion du 26 février 2013 à 17h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Bruno Léchevin :

Certes, mais mes anciennes fonctions pourraient susciter des questions.

Il va sans dire que l'expérimentation réalisée dans la vallée de l'Arve, prévue pour durer trois ans, ira jusqu'à son terme. On ne peut qu'espérer un développement à plus grande échelle, afin que d'autres régions puissent bénéficier de cette initiative très concrète et intelligente, mais dans ce domaine également, le problème est de trouver les financements.

Comme vous, monsieur le président, j'ai pris connaissance de la contribution de l'ADEME à l'élaboration de visions énergétiques pour la période 2030-2050. Ce document est le fruit d'une mobilisation de tous les experts de l'Agence et a nécessité la mise en cohérence de toutes leurs réflexions. Il s'agit, il est vrai, de scénarios ambitieux, exigeants, mais les critères retenus, qu'il s'agisse de la croissance du PIB ou de la fécondité, restent réalistes. Ce travail mérite en tout cas de faire l'objet de débats, de réflexions complémentaires, de critiques ou d'expertises.

En tant que membre du groupe des experts sur lequel s'appuie le débat national sur la transition énergétique, j'espère que les discussions ne se limiteront pas à déterminer la part exacte que doit prendre le nucléaire dans la production nationale d'électricité. Ma conviction profonde est que le « tout-nucléaire » n'a pas d'avenir, ni d'ailleurs le « tout-quelque chose », car notre société doit parvenir à la sobriété. Toutefois, la question n'est pas de savoir comment sortir du nucléaire, mais de déterminer les conditions de réussite de la transition énergétique, c'est-à-dire les moyens de diminuer, dans des conditions techniques et sociales acceptables, la part de l'énergie nucléaire. Le débat doit s'engager rapidement et être suivi d'actes concrets.

Nous parviendrons d'autant mieux à modifier le mix énergétique que nous aurons atteint la plus grande part des objectifs fixés dans le cadre du débat sur la transition énergétique ou par l'Union européenne.

Certaines questions doivent être résolues comme, en France, le problème des pointes de consommation d'électricité, qui requièrent une énergie à la fois très coûteuse et très polluante, malgré l'importance de notre secteur nucléaire. Lorsque la température baisse d'un degré en Europe, la moitié des moyens de production mobilisés sert à répondre à la demande française au moment du pic de consommation de 19 heures. Dire cela, ce n'est pas tenir un discours anti-chauffage électrique, mais seulement exposer un fait objectif. L'énergie nucléaire est donc importante, et le restera demain. Mais il convient de repenser le mix énergétique, de laisser une plus grande place aux énergies renouvelables, d'organiser la production d'énergie au niveau européen de façon à garantir la sécurité des approvisionnements, et surtout d'agir pour réduire notre consommation et améliorer l'efficacité énergétique. Cela sera bénéfique pour la compétitivité des entreprises, bénéfique pour les consommateurs, dont la facture énergétique pourrait ainsi baisser malgré l'augmentation du prix à l'unité, bénéfique pour l'économie, bénéfique pour l'environnement, et donc pour la planète. À tous égards, le débat sur le nucléaire s'annonce passionnant.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion