Intervention de Franck Lacroix

Réunion du 27 février 2013 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Franck Lacroix, président directeur général de la société DALKIA :

Il faut réfléchir de façon économique à la combinaison de l'efficacité du bâtiment avec le système énergétique territorial. Il sera souvent moins onéreux d'installer des cogénérations que d'isoler des bâtiments alimentés par des systèmes autonomes. Nous devons raisonner de manière globale.

S'il est nécessaire, le raisonnement à l'échelle du bâtiment n'est peut-être pas le plus pertinent. Le niveau intercommunal peut être efficace, comme le démontre l'expérience de Montluçon où l'intercommunalité a enregistré une diminution de plus de 20 % de sa consommation énergétique.

Il faut aussi raisonner en tenant compte des infrastructures de réseaux de chaleurs, et changer d'échelle en passant de réseaux de quartier à des réseaux plus vastes, au niveau des villes, voire des métropoles, pour partager les investissements et valoriser les énergies perdues sur le territoire. Les régions ont également montré leur grande efficacité, notamment au travers des schémas régionaux du climat, de l'air et de l'énergie. La planification du développement des infrastructures collectives en Île-de-France est un bon exemple.

L'objectif de réduction de 40 % des consommations énergétiques est sans doute très ambitieux, mais aussi très coûteux. Compte tenu des finances publiques et des moyens des Français, il est préférable de raisonner par étapes et de considérer que nous sommes en mesure d'atteindre un premier objectif raisonnable de 20 %.

Je rappelle qu'aujourd'hui 80 % des immeubles de plus de cinquante logements ne sont pas « conduits » en matière d'efficacité énergétique. Or les bâtiments ne se gèrent pas seuls : des professionnels savent régler, comparer et optimiser l'efficacité énergétique.

Les politiques de sobriété énergétique doivent aussi intégrer les usagers. Un degré de chauffage supplémentaire, c'est une augmentation de la consommation d'énergie de 7 %. Imaginez le coût du chauffage pour un bâtiment vide ! À l'international, nous avons dû faire de gros efforts pour éduquer les consommateurs et développer des méthodes pour induire des comportements plus vertueux. Nous créons en France une filière chargée de conseiller les utilisateurs. Contractuellement, nous nous engageons à une baisse de la facture énergétique.

En France, nous gérons 300 installations qui fonctionnent grâce à la biomasse, dont des cogénérations. Notre expérience montre que l'approvisionnement est possible si le projet reste raisonnable. Est-il logique d'aller chercher dans le nord de la France du bois transporté par camion pour alimenter un énorme projet dans le sud du pays ? Small is beautiful. Plutôt que les grands projets, il serait préférable de soutenir les petites cogénérations qui alimentent les réseaux de chaleur améliorant la performance énergétique des bâtiments. Je suggère que l'on donne rapidement un coup de pouce au tarif d'obligation d'achat.

Il me semble légitime qu'à l'échelle de la région, l'on puisse contrôler les filières d'approvisionnement et vérifier que le territoire est bien capable de fournir ce qui lui est demandé sans conflit d'usage. Le préfet de région remplit parfaitement ce rôle. Il faut seulement veiller à ne pas pécher par excès de prudence.

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