Quelles sont vos relations avec le centre satellitaire de l'UE, installé à Torrejón de Ardoz, près de Madrid, et qui est un peu l'équivalent de la DRM au niveau européen ? Comment peut s'organiser le renseignement militaire communautaire compte tenu notamment de la création du Service européen d'action extérieure (SEAE) ?
Général Didier Bolelli. En termes d'équipement, j'exprime des besoins, qui feront ensuite l'objet de priorités et d'arbitrages. Il faut simplement savoir que nous souffrons de quelques insuffisances capacitaires, notamment au titre du renseignement électromagnétique, des drones et de Musis.
Depuis toujours un grand débat agite les armées : à quoi sert-il de savoir sans pouvoir ? Mais à quoi sert-il de pouvoir sans savoir ? Plus les moyens opérationnels des armées sont limités, plus la fonction « connaissance et anticipation » est importante. Dit autrement : moins on sait avant, moins on fait après. La question principale devient donc : où met-on le curseur ? Problème politique plus que militaire. D'où mes remarques précédentes sur nos besoins en satellites et en drones. Il existe des virages à ne pas manquer ; nous avons manqué celui des drones dans les années 2000, ils sont aujourd'hui indispensables. Les rattrapages sont quelques fois plus coûteux que les investissements réalisés à temps.
Nous collaborons avec le centre de Torrejón de Ardoz par l'entremise du centre d'orientation satellitaire de Creil. Mais, dès lors qu'un satellite est européen, les nations ne sont plus individuellement maîtresses de leurs images. Elles ne peuvent fournir d'images à un pays tiers sans l'accord des tous leurs partenaires satellitaires, ce qui représente une lourde contrainte.