Vous me pardonnerez de citer encore un dirigeant radical, à savoir Joseph Caillaux, qui estimait à juste titre qu'il n'y a pas de vraie justice fiscale sans progressivité de l'impôt.
S'il est indispensable de redresser les comptes publics, il faut évidemment le faire en repoussant les dogmes, les credo et les tabous du libéralisme doctrinal, qui inspirent plusieurs dirigeants conservateurs européens. Le redressement des finances publiques ne peut se confondre avec l'austérité prônée par certains d'entre eux, une austérité qui conduit souvent à la stagnation et parfois à la récession, alors que la situation de notre pays est déjà préoccupante. La croissance s'atrophie : elle devrait atteindre seulement 0,4 % en 2012, pour se situer dans une fourchette de 1 % à 1,3 % en 2013. Le chômage a massivement progressé : il touche désormais près de 10 % de la population active. Pour relancer la croissance et créer réellement de l'emploi, la politique de redressement ne peut se transformer en une politique d'austérité qui risquerait de déprimer l'activité économique.
Paul Krugman, prix Nobel d'économie, est sans doute excessif quand il assure que l'austérité risque de plonger l'Europe dans une « spirale de la mort ». Mais un observateur plus modéré et très qualifié, à savoir Romano Prodi, avait, alors qu'il était président de la Commission européenne, qualifié d'« absurdes » les critères de Maastricht, dans la mesure où leur application automatique empêcherait les gouvernements nationaux de mener des politiques contracycliques pour combattre la crise économique et le chômage.