Il faut en effet alerter sans alarmer, restaurer la confiance et promouvoir l'éducation à la santé. L'information demeure trop aux mains de l'industrie pharmaceutique et la publicité devrait être encore davantage contrôlée. L'autorisation de la vente de tous les médicaments sans ordonnance sur Internet constitue un mauvais signal. Déjà en officine le conseil pharmaceutique est insuffisant. En ligne, il sera inexistant. Les médicaments risquent d'être encore plus assimilés qu'ils ne le sont déjà par le grand public à un produit de consommation comme un autre.
Leur surconsommation est un problème très franco-français : plus de 90 % des consultations se concluent en France par la remise d'une ordonnance quand dans d'autres pays européens, ce n'est pas plus de 50 %. Il faudrait donc développer les alternatives à la prise de médicaments.
L'évaluation du rapport bénéfice-risque des médicaments ne relève pas des seuls organes de pharmacovigilance. Tous les professionnels de santé doivent y contribuer. L'ouverture de la déclaration directe des effets indésirables aux patients eux-mêmes est une excellente initiative qui n'a pas eu d'effets pervers. Ces déclarations sont encore rares. Elles exigent de notre part un travail supplémentaire car nous devons entrer en contact avec le médecin prescripteur, de façon à éviter les notifications sans pertinence. Mais elles vont dans le bon sens.
Vous avez évoqué, madame la présidente, les « surdéclarations ». Il ne s'agit pas à proprement parler de surdéclarations. Simplement, le nombre de déclarations augmente en fonction de l'actualité médiatique, ce qui a conduit avec les pilules par exemple à découvrir de nouveaux facteurs de risque, comme ceux de l'hémostase qui ne sont pas assez recherchés.
Les tentatives de suicide ne sont pas comptabilisées dans les 150 000 hospitalisations liées à des effets des médicaments. Il faut savoir qu'on compte 12 000 morts par suicide chaque année en France.