Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Réunion du 27 février 2013 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

Votre intervention se résume en deux phrases : « Notre ciment idéologique, c'est que, dans l'ensemble, ça marche » et « lorsqu'on traite par ordinateur les millions de données de l'OMC… ». Vous accusez vos détracteurs de pulsions protectionnistes, mais vous avez celle du libre-échange déloyal. Vous ne voyez pas que le monde que vous avez créé est en train de s'écrouler sous vos yeux car vous poussez votre idéologie à son extrême.

La mondialisation, oui, est un fait, mais une mondialisation qui aboutit à un tel nivellement par le bas n'est pas une fatalité. J'ai été très surpris de votre assurance, qui confine parfois à l'arrogance technocratique.

Vous ne parlez jamais de la déloyauté de l'échange. Le protectionnisme monétaire ? Vous répondez : « Circulez, y a rien à voir. » La Chine, en investissant 150 milliards de dollars, a réussi à éradiquer toute concurrence en Europe, mais vous n'en dites rien. En vérité, vous ne voulez pas voir les grandes disparités. Je vous renvoie aux écrits de Maurice Allais qui n'était pas contre le libre-échange, mais qui préconisait des zones de libre-échange régionales pour atténuer les chocs dus aux différentiels considérables de niveau de vie entre les continents.

Enfin, vous n'évoquez pas le nivellement par le bas, c'est-à-dire les désastres sanitaires, environnementaux, sociaux et le désastre démocratique. Car, en vérité, le problème de fond vient de ce que vous êtes l'un des hommes les plus puissants du monde, mais sans jamais avoir été élu. D'où vous êtes, vous développez une pensée sans être confronté aux conséquences. Vous ne voulez pas voir que la colère des peuples monte contre cette mondialisation inhumaine, que la plupart des pays émergents trichent ouvertement, que l'Europe est en train de mourir à petit feu. Vous considérez, bien sûr, l'Europe comme un tout, mais en regardant ce qui se passe en Italie, au Portugal, en Grèce, en Espagne, en France, on peut s'interroger sur la pertinence d'un modèle auquel, comme l'euro qui n'est plus tenable, vous avez beaucoup contribué.

Voilà pourquoi je suis inquiet en vous entendant. Oui à la mondialisation, mais non à une mondialisation aussi déloyale.

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