Intervention de Hervé Mariton

Séance en hémicycle du 31 juillet 2012 à 15h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2012 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Mariton :

Je ne crois pas que ce soit de cette manière que l'on puisse le mieux entraîner nos concitoyens.

C'est aussi une occasion manquée parce que vous auriez pu – certes, à votre manière – proposer une ambition à notre pays. Tel n'est pas le cas.

Demander à nos concitoyens, en particulier les plus aisés, un effort supplémentaire, ce n'est pas illégitime, ce n'est pas scandaleux ; je préférerais, certes, que l'on parlât de « rigueur » plutôt que de « rudesse », mais, puisque vous avez choisi ce terme, qu'il en soit ainsi. Encore faudrait-il qu'il y ait un objectif. Il faudrait dire à quoi cela sert ; il faudrait indiquer le chemin du redressement de la France ; il faudrait dire quelle partie de ce chemin cet effort supplémentaire demandé permettrait de parcourir et dans quelle mesure il consoliderait la situation de notre pays sur le plan national, européen et international.

Au fond, un effort supplémentaire, cela peut être compris par tous les Français – cela doit l'être en particulier par les plus aisés et les plus favorisés. Encore faut-il que cela ait du sens. Or le Gouvernement et la majorité n'ont proposé aucune vision, aucune perspective à l'effort supplémentaire – 7 milliards d'impôts – imposé par ce collectif budgétaire.

L'effort, oui, monsieur le ministre ; la rigueur, oui ; la rudesse, peut-être pas, car ce n'est pas nécessairement de bonne méthode politique ; mais encore faut-il que cela serve réellement les intérêts de notre pays, que cela aide à construire une véritable ambition pour la France. Or, nous n'avons rien entendu de cela.

Ce qui nous a été proposé, comme l'ont dit tout à l'heure le président de la commission des finances et ma collègue Marie-Christine Dalloz, c'est une potion amère, une potion rude, non seulement pour les Français les plus aisés – passe encore –, mais aussi pour les classes moyennes et pour les Français les plus modestes. Si c'est là votre seule ambition, il y a beaucoup à craindre pour l'avenir de notre pays.

C'est encore une occasion manquée, monsieur le ministre, parce que ce collectif ne consolide en rien notre position en Europe. Vous avez décidé d'ouvrir des dépenses supplémentaires, dont certaines auraient d'ailleurs justifié une loi de financement rectificative de la sécurité sociale, ce que vous n'avez pas fait. Nous reparlerons de ces dépenses au cours de l'automne.

Vous avez imposé un effort contributif supplémentaire, mais il ne porte pas de perspective ; il n'y a pas de réforme structurelle à la clé. Des Français les plus modestes jusqu'aux marchés internationaux, on pourrait comprendre qu'un certain nombre de règles budgétaires changent en France, à supposer toutefois qu'une trajectoire cohérente soit proposée. Or, on n'a pas entendu ce message. Du coup, cela n'apporte aucune crédibilité, ni dans notre pays, ni en Europe, ni dans le monde.

Oui, monsieur le ministre et chers collègues de la majorité, les Français, en mai et juin derniers, ont tourné la page. Oui, nous devons l'assumer, dans l'opposition, nous avons perdu les élections. (Rires et applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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