Les effets de l'accession sociale à la propriété peuvent être constatés dans d'autres départements. Comme l'a démontré l'économiste Vincent Renard, l'achat d'une maison sur un terrain de 200 mètres carrés dans l'est de la Seine-et-Marne revient moins cher que le paiement du loyer d'un logement social dans le coeur de l'agglomération parisienne ! Mais s'agissant de la qualité de vie en Île-de-France, Jean-Michel Orfeuil a montré que le trajet domicile-travail est plus court pour les gens habitant en périphérie que pour ceux logés dans la zone dense.
Dans les années 90, la taille effective du marché de l'emploi de Paris était plus importante que celle de Londres, puis elle s'est réduite, non par une diminution des emplois, mais en raison d'une moindre accessibilité à ceux-ci, résultat de la concentration de ces derniers dans certains territoires et de la thrombose des transports parisiens qu'elle a provoquée. À cet égard, l'objectif de mixité fonctionnelle à l'échelle des clusters du Grand Paris est pertinent. Un polycentrisme assumé, et bien desservi, me semble donc intéressant, mais il est compliqué à gouverner. Il ne pourra sans doute pas se jouer dans le rêve d'une intercommunalité unique. La lecture du dispositif de gouvernance et de son périmètre doit être davantage celle du système de la « marguerite » de Patrick Braouezec que celle du sénateur Philippe Dallier.
L'évolution actuelle du lien logement-travail s'explique par deux processus : la moindre linéarité des carrières et la disparition des concentrations de travailleurs d'une même entreprise dans un même lieu – le plus grand établissement d'Île-de-France est dorénavant le Technocentre de Renault à Guyancourt, avec 13 000 salariés. Il est vrai que le 1 % patronal a permis à notre pays d'avoir une géographie du logement social moins monolithique que dans d'autres pays ; mais aujourd'hui, les entreprises sont aussi volatiles que les habitants : en Île-de-France, la durée d'installation d'une entreprise est en moyenne de cinq ans.
Par conséquent, il me semble urgent que les pouvoirs publics prennent le relais pour assurer le lien, qui est en train de se distendre, entre entreprises et territoires. Voilà pourquoi je prône des accords à l'échelle des bassins d'emplois.