Intervention de Vincent Peillon

Séance en hémicycle du 11 mars 2013 à 16h00
Refondation de l'école de la république — Présentation

Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale :

Je ferai une deuxième observation. Certains considèrent que cette loi ne serait pas à la hauteur de son intention. Puis-je, en toute bonne foi, leur adresser quelques questions simples ? Est-ce peu de chose, après que vous avez supprimé 80 000 postes en cinq ans, d'en créer 60 000 en cinq ans dans le contexte budgétaire que vous nous avez laissé et que nous connaissons ? Est-ce si peu de chose, dans un pays qui n'a jamais accordé au primaire et aux premiers apprentissages la priorité nécessaire, de consacrer à ce moment de la scolarité deux tiers des nouveaux postes, dont plusieurs milliers visent à mettre en oeuvre des pédagogies nouvelles et à traiter réellement la difficulté scolaire ? Est-ce si peu de chose, alors que l'on a supprimé la formation des enseignants et l'année de stage, de rétablir celle-ci et de créer les écoles supérieures du professorat et de l'éducation, consacrant ainsi 27 000 postes à une entrée progressive des enseignants dans le métier ? Est-ce si peu de chose que de se doter d'un parcours d'orientation et d'information pour tous les élèves, alors même que beaucoup d'entre eux subissent aujourd'hui des orientations qui les conduisent jusqu'au décrochage ? Est-ce si peu de chose de proposer un conseil pédagogique commun à l'école et au collège, de créer un nouveau service public du numérique éducatif ? Est-ce si peu de chose, lorsqu'on voit les résultats des élèves français en langue étrangère, de rendre obligatoire l'apprentissage d'une langue étrangère dès le cours préparatoire ?

Soutenir que cela est peu de chose n'est pas sérieux et témoigne de beaucoup de mépris à l'égard de l'école. C'est ignorer profondément son histoire. C'est ne pas être capable de distinguer l'essentiel de l'accessoire. C'est vouloir détourner l'attention de nos concitoyens de la véritable révolution pédagogique que nous mettons en oeuvre dans ce pays, nous qui voulons enfin accorder à l'école primaire la priorité qu'elle mérite, à la formation des enseignants la reconnaissance dont ces derniers ont besoin, et faire primer dans le choix du temps scolaire l'intérêt de l'élève sur tous les intérêts particuliers qui nous ont conduits à cette situation difficile.

La loi, bien entendu – et qui le penserait ? – ne va pas résoudre d'elle-même toutes les difficultés.

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