Intervention de Vincent Peillon

Séance en hémicycle du 11 mars 2013 à 16h00
Refondation de l'école de la république — Présentation

Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale :

C'est d'ailleurs pourquoi nous avons commencé à agir bien avant son élaboration. Aucun gouvernement n'a autant agi pour l'école en si peu de temps. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Dès la rentrée 2012, alors que vous aviez programmé 14 000 suppressions de postes, monsieur Chatel, nous avons créé 1 000 emplois de professeurs des écoles, que vous n'avez d'ailleurs pas refusés dans vos circonscriptions. Près de 300 classes ont été rouvertes en zone rurale, ainsi que 100 postes de réseaux d'aides spécialisées aux enfants en difficulté, ou RASED. Nous avons mis en place 100 conseillers principaux d'éducation, 2 000 assistants d'éducation et 1 500 auxiliaires de vie scolaire individualisés pour accompagner les enfants en situation de handicap. Alors que vous expliquiez à la France entière que nous étions incapables de recruter des professeurs tant vous aviez dévalorisé ce métier, nous avons organisé deux concours, recruté dès cette année 40 000 professeurs et obtenu 50 % d'inscrits en plus aux concours de recrutement des professeurs. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Parce qu'il fallait restaurer la promesse républicaine et permettre à des étudiants boursiers de se consacrer à leur vocation, nous avons fait voter le projet « emploi d'avenir professeur » ; plusieurs milliers d'étudiants se sont déjà inscrits dans ce parcours, qui leur permettra de réaliser leur vocation. Nous avons recruté dès la rentrée 500 assistants chargés de prévention et de sécurité, un métier qu'il a fallu créer et pour l'exercice duquel nous avons dû former du personnel. Et pour la première fois dans l'histoire de l'éducation nationale, nous avons installé une délégation de lutte contre les violences en milieu scolaire.

Nous avons développé et engagé une stratégie nationale pour faire entrer l'école dans l'ère du numérique et dans le XXIe siècle. Nous avons lancé un dispositif « objectif formation-emploi » avec le concours du service civique et nous nous sommes fixé pour objectif de raccrocher 20 000 jeunes décrocheurs d'ici à la fin de l'année 2013. Cet engagement sera tenu.

Cette action ne se limitera pas non plus à une loi. Nous posons les bases d'une rénovation en profondeur de l'école de la République. Mais le véritable temps de l'action publique, ce n'est pas celui de l'émotion, ce n'est pas celui de la polémique ; c'est celui de la raison et de la constance. Il y a une loi de refondation, il y aura aussi un agenda de la refondation qui se déploiera durant tout le quinquennat de telle sorte que, après avoir donné la priorité au primaire, nous suivrons un ordre méthodique et continuerons par le collège puis par le lycée. Parce qu'il s'agit de refonder l'école de la République, nous avons à renouer avec le temps long de la véritable action publique, celle qui se juge à ses résultats et qui ne se soumet pas à la dictature de l'instant.

Cette loi que je vous présente aujourd'hui et dont nous allons débattre toute la semaine, je voudrais vous en présenter brièvement les principaux aspects.

Il s'agit tout d'abord d'une loi de programmation, la première du quinquennat. Le Président de la République a pris l'engagement de créer 60 000 postes sur cinq ans et cet engagement sera tenu : 5 000 postes seront consacrés à l'enseignement supérieur, piloté par ma collègue Geneviève Fioraso, que je salue ; 1 000 postes seront consacrés à l'enseignement agricole – nous y travaillons avec Stéphane Le Foll – et 54 000 postes à l'éducation nationale.

La moitié de ces postes permettra de reconstituer l'année de stage, soit 27 000 emplois. Deux tiers des postes seront affectés au primaire. Il s'agira à chaque fois de renforcer et de favoriser des pratiques pédagogiques innovantes, toujours en visant en priorité les zones les plus défavorisées. 7 000 postes sont ainsi prévus pour le dispositif « plus de maîtres que de classes », qui permet de traiter la difficulté scolaire dans la classe et de travailler différemment, tandis que 3 000 postes sont affectés à l'accueil des enfants de moins de trois ans, d'abord dans les territoires les plus en difficulté ; de récentes études viennent d'ailleurs de montrer à quel point cela peut être efficace. Et 4 000 postes sont prévus pour les établissements du secondaire les plus en difficulté, en particulier les collèges.

Pour faire face aux évolutions démographiques qui se profilent, 4 000 postes et 3 000 postes sont prévus respectivement dans le premier et le second degrés. Enfin, 6 000 postes sont programmés pour accueillir les élèves en situation de handicap – j'y veille aux côtés de Marie-Arlette Carlotti – ainsi que pour améliorer la vie des établissements et des services académiques.

J'entends certains qui s'interrogent pour savoir si ces moyens sont nécessaires.

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