Intervention de Vincent Peillon

Séance en hémicycle du 11 mars 2013 à 16h00
Refondation de l'école de la république — Présentation

Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale :

Mais ces moyens ne sont pleinement utiles que s'ils servent aussi des objectifs pédagogiques et une exigence portée par toute la communauté éducative.

Il nous faut d'abord – et chacun doit mesurer l'importance de cette priorité – accorder au primaire l'essentiel des moyens. Cela ne s'est jamais produit dans notre pays. C'est une action qui suppose d'agir sur une multitude de facteurs : l'accueil des plus petits – je viens de le dire ; de nouveaux principes pédagogiques, plus de maîtres que de classes ; la redéfinition des cycles ; le respect retrouvé pour la spécificité de l'école maternelle française, que l'on nous envie partout dans le monde ; la redéfinition de nos programmes ; une meilleure articulation entre l'école et le collège ; sans oublier aussi, bien entendu, une formation initiale des professeurs qui soit à la hauteur de leur tâche et la reconnaissance par la nation de l'importance de leur mission.

Cela suppose aussi des rythmes scolaires adaptés, qui permettent aux enfants d'avoir le temps d'étudier et d'apprendre au cours de journées moins chargées tout en étant plus complètes et de semaines plus harmonieuses. Je le redis au cas où certains ne l'auraient toujours pas compris : la priorité au primaire est un projet de grande ampleur, qui marque une rupture et un temps nouveau pour l'école de la République. Ce sera la condition de la réussite de tous les élèves, tel est bien l'objectif que nous devons nous fixer en commun.

Il nous faudra progressivement, par le moyen des écoles supérieures du professorat et de l'éducation, développer des pédagogies de la confiance qui valorisent les talents de chacun, mais aussi l'initiative et la coopération, qui exercent à l'apprentissage, qui encouragent plutôt qu'elles ne découragent, qui ouvrent sur les oeuvres les plus riches de la culture et permettent l'épanouissement de soi.

Dans cette école, chaque élève, quel que soit son milieu d'origine, doit être appelé à donner le meilleur de lui-même. Il doit se préparer à respecter les autres et à se respecter soi-même – ce qui est une seule et même chose. Il doit, pour vivre dans un monde ouvert, maîtriser une langue étrangère. Il lui faut aussi apprendre à utiliser les technologies de l'information et de la communication dans des démarches actives, critiques et toujours riches pédagogiquement.

Dans ce projet, les écoles supérieures du professorat et de l'éducation, que nous mettons en place avec Geneviève Fioraso, ne marquent pas un retour vers le passé. Quand quelque chose de neuf se produit, il faut être capable de le saluer. Les ESPE ne sont ni les écoles normales, ni les IUFM. En effet, elles permettront de rassembler dans une même entrée progressive et professionnalisante dans le métier d'enseignant ceux qui se destinent à tous les niveaux de l'enseignement. Que l'on souhaite enseigner demain à l'école maternelle – car nous remettons en place une formation pour les écoles maternelles, qui a disparu – ou à l'université, on doit être capable de partager des valeurs et une vision communes.

Ces apprentissages professionnels ne se substituent en aucun cas à l'excellence disciplinaire. Tout au contraire, ils viennent la compléter. Ils doivent pouvoir être suivis dès les années de licence par celles et ceux qui ont la vocation de transmettre et d'enseigner, d'instruire et d'éduquer. Avec la didactique, la recherche, la sociologie, la psychologie cognitive, la psychologie du développement, les sciences de l'éducation, les usages du numérique, la lutte contre les stéréotypes, la morale laïque, les droits et les devoirs du fonctionnaire, les philosophies de l'éducation, l'étude des systèmes étrangers, la lutte contre la violence, chacune et chacun doit pouvoir trouver dans les écoles supérieures du professorat et de l'éducation de quoi construire sa compétence, sa légitimité et son autorité de professeur.

De même, les professeurs devront pouvoir y travailler avec tous les autres métiers de l'éducation, ainsi qu'avec les professionnels des autres ministères – ceux de la culture, de la jeunesse et des sports, de l'environnement, de la santé, de la police, de la justice et de la formation professionnelle – sans oublier les représentants des grandes associations avec lesquels ils auront à travailler tout au long de carrières dont nous aurons d'ailleurs à redéfinir les missions et le déroulement.

Les universités se sont engagées avec détermination, madame la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, dans la construction de ces écoles. Ce n'était pas chose aisée. Là encore, nous avons hérité d'un passif important, à savoir le divorce de nos deux ministères, lequel avait conduit à la suppression de la formation des enseignants.

Les meilleurs de nos universitaires et de nos praticiens devront travailler ensemble dans une culture partagée et respectueuse pour former les centaines de milliers de professeurs dont la France aura besoin dans les années à venir.

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