Intervention de Yves Durand

Séance en hémicycle du 11 mars 2013 à 16h00
Refondation de l'école de la république — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Durand, rapporteur de la commission des affaires culturelles et de l'éducation :

Cette orientation permettra d'appliquer enfin les cycles d'apprentissage inscrits dans la loi Jospin de 1989, largement oubliés dans la réalité. Réaffirmer leur nécessité, c'est marquer là aussi une ambition pour le primaire.

Cette orientation permettra de suivre individuellement les élèves et de répondre à leurs difficultés dès qu'elles apparaissent, et même avant qu'elles n'apparaissent. La mesure du « plus de maîtres que de classes » montre qu'il ne peut y avoir opposition entre les moyens et les résultats, entre le technique et le politique, entre ce que certains appellent le « quantitatif », et le « qualitatif ». Six maîtres pour cinq classes, ce n'est pas uniquement un maître de plus dans une école, c'est un véritable levier de transformation pédagogique, le moyen de travailler autrement.

Les travaux en commission ont dégagé semble-t-il un accord sur cette orientation, alors qu'elle représente une rupture avec les réformes précédentes, qui commençaient par les perspectives avant de s'attaquer aux fondements : on a réformé l'université puis le lycée, avant de penser à la base qu'est l'école primaire et sa nécessaire continuité dans le collège, concrétisée par un cycle commun CM2sixième et par la création d'un conseil écolecollège.

Vous avez insisté particulièrement sur la troisième orientation refondatrice, monsieur le ministre : repenser la formation des maîtres, sans laquelle rien n'est possible. Seule la maîtrise du métier d'enseignant permet de réaliser l'acte éducatif. Les pratiques pédagogiques et leur évolution, dont celle intégrant le numérique – nous en discuterons – sont au coeur de ce projet. Pour la première fois depuis longtemps, une loi aborde, outre les structures de l'école, les pratiques pédagogiques.

La refondation ne peut être que pédagogique. La réforme de la formation initiale des enseignants sera donc fondée sur une entrée progressive dans le métier avec une professionnalisation – enfin ! – dès la licence et l'acquisition d'un master professionnel, le premier marqueur d'une identité professionnelle étant la qualité de la formation qui conduit au métier. Jusqu'ici, la France présentait cette extraordinaire particularité, monsieur Chatel, d'être un pays où l'enseignement était le seul métier qui ne s'apprenne pas.

Pour organiser cette formation, le projet de loi prévoit la création d'une école supérieure du professorat et de l'éducation, qui formera les enseignants de l'école maternelle à l'université ainsi que les personnels d'éducation, au sens large du terme.

Remplaçant les instituts universitaires de formation des maîtres sans les recréer, ces structures auront, madame la ministre, le statut d'écoles internes aux universités et fonctionneront sur un budget de projets. Fortement encadrées par l'État, elles s'inscriront dans un cadre national des formations, afin de créer un véritable esprit d'école.

C'est sans doute sur la formation des enseignants, sujet majeur, que la démarche de concertation s'est montrée particulièrement efficace cet été. Source de bien des divergences et de bien des clivages au départ, la nécessité de la professionnalisation du métier d'enseignant est aujourd'hui admise par tous. Les dispositions du projet de loi ne peuvent cependant fermer la porte à une réflexion concertée sur le métier d'enseignant au XXIe siècle.

Mes chers collègues, en votant cette loi, nous jetterons les fondations de l'école dont notre démocratie a besoin : celle qui transmet les savoirs, les connaissances et les savoir-faire, mais aussi les valeurs de la République dans le cadre d'un enseignement civique et moral.

Certains nous ont reproché d'inscrire une morale laïque dans le cadre de l'école. Pourquoi interdirions-nous à l'école de la République d'inculquer, de transmettre, de mettre en évidence ce qui rassemble les êtres humains au sein d'une même collectivité ? Ne laissons pas à d'autres ce soin.

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