Intervention de Jean-Noël Carpentier

Séance en hémicycle du 11 mars 2013 à 16h00
Refondation de l'école de la république — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Noël Carpentier :

« L'éducation, c'est l'espoir de l'humanité », disait Victor Hugo. Le texte sur la refondation de l'école que vous nous présentez aujourd'hui, c'est tout un projet de progrès qui se porte enfin à l'avant-scène.

Bien sûr il ne va pas tout refaire, il ne va pas tout récrire. Il ne va pas tout révolutionner non plus, et ce n'est d'ailleurs pas ce qu'on lui demande. Au moins a-t-il l'ambition d'aller de l'avant et de consacrer l'école comme la prunelle de nos yeux, puisqu'il s'agit de notre jeunesse. Ce projet de loi va au moins nous permettre de faire une pause dans la crise, d'évoquer l'avenir, d'y croire, de croire en une société meilleure. Et nous aurons encore bien d'autres occasions de parler plus en profondeur encore de notre collège et de notre lycée.

L'école est au coeur de la société. Elle est dans le coeur des hommes. L'ambition que chacun nourrit pour ses enfants est inséparable de celle que l'on se fixe pour l'humanité.

Et que, 150 ans après le poète romancier, et alors qu'elle affronte une tempête économique sans précédent, la gauche affirme l'espoir, est tout à son honneur.

Espérer en l'avenir, passer à la suite et penser au redressement du pays, voilà une noble cause, une cause essentielle, une cause que nous devons porter haut et dont nous pouvons être fiers.

De l'ambition il en faut, mais c'est aussi de réparation qu'il est question. Notre école, celle qui fait la fierté de la République, est malade. L'école primaire, pourtant décisive, est la moins financée. Un élève sur cinq ne lit pas correctement au début de la sixième. Trop de jeunes quittent le système sans diplôme. Ils ne seront pas protégés et seront durement touchés par un taux de chômage deux fois plus élevé que celui qui affecte les diplômés. Le déterminisme social reste un constat accusateur de carence et d'iniquité de notre système scolaire.

Mesdames, messieurs de l'ancienne majorité, aujourd'hui de l'opposition, ce triste bilan c'est le vôtre ! (« C'est vrai ! » sur les bancs du groupe SRC – Protestations sur les bancs du groupe UMP.) Vous avez fait de l'école une variable d'ajustement de premier plan dans votre programme d'austérité. En supprimant des postes, en abandonnant la formation, par votre méfiance envers l'innovation pédagogique, vous avez sclérosé notre système éducatif. Il nous faut donc maintenant rebondir, c'est notre responsabilité.

Oui, il faut remettre l'école primaire au centre du système. Et je me félicite du recrutement de plusieurs dizaines de milliers d'enseignants ainsi que du rétablissement de leur formation. De même, j'approuve que l'idée de l'école dès l'âge de deux ans soit remise en piste, tout comme je pense indispensable d'améliorer l'enseignement des langues vivantes.

Mais la refondation de l'école ce n'est pas seulement redonner des moyens, ce n'est pas seulement créer des postes, ce n'est pas seulement changer les calendriers. La refondation de l'école, c'est redonner confiance. La refondation de l'école c'est aussi se rappeler que l'école doit faire de l'enfant un futur citoyen éclairé capable de sens critique et d'inventivité. C'est tout l'enjeu d'un socle commun de compétences, de connaissances et de culture. Cette réforme s'offre donc comme le début d'un vaste chantier qui ne sera pas clos après le vote de cette loi. Monsieur le ministre, le groupe RRDP souhaite y participer.

Dans cet esprit, plusieurs amendements ont été déposés notamment concernant le pilotage qui, selon nous, est trop régionalisé en matière d'offre de formation, menaçant ainsi l'égalité territoriale. De même, nous souhaitons que les parents soient encore mieux associés aux décisions qui concernent leurs enfants. Enfin, nous voulons améliorer encore l'action de l'école pour la réussite des enfants en situation de handicap. Vous connaissez mon attachement à ce sujet. Nous souhaitons que l'école offre davantage de moyens pour ces jeunes et que leurs familles soient beaucoup plus écoutées qu'aujourd'hui.

Telles sont, monsieur le ministre, les remarques que je voulais formuler sur votre projet de loi et avant que s'ouvre la discussion des amendements.

Je sais votre ambition pour notre école, je connais votre attachement à ses valeurs. Vous avez la responsabilité d'être le porte-parole de notre majorité sur un beau projet qui devra rassembler la nation. Le groupe RRDP sera à vos côtés, mais il restera très attentif au sort réservé à ses amendements. (Applaudissements sur les bancs du groupe RRDP et sur quelques bancs du groupe SRC.)

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