Intervention de Colette Langlade

Séance en hémicycle du 11 mars 2013 à 16h00
Refondation de l'école de la république — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaColette Langlade :

Monsieur le ministre, à travers les débats, les auditions, les commissions, nous sommes tous tombés d'accord sur un point qui a été malmené, oublié ces dernières années : l'avenir de la jeunesse. Le redressement de notre pays, son développement culturel, social et économique dépendent largement de notre capacité collective à refonder l'école de la République. C'est un projet éducatif mais aussi un projet de société.

Dans votre discours vous avez parlé de l'agenda de la refondation, qu'il fallait commencer par l'école maternelle et primaire, continuer par le collège et le lycée dans cette loi de programmation, la première du quinquennat. Pourquoi l'école primaire est-elle la priorité ? Parce qu'elle donne à l'élève les bases qui déterminent la suite de sa scolarité. C'est sa paupérisation qui a fait prospérer l'échec et le décrochage scolaires. C'est sa renaissance et sa transformation qui conditionnent la réussite de notre système éducatif.

La nouvelle architecture que vous présentez, monsieur le ministre, combine le retour à des fondamentaux de l'école républicaine et l'audace d'une nouvelle organisation de la transmission des savoirs. Ce projet de loi met en oeuvre un véritable projet de société.

Ce projet repose sur un effort budgétaire sans précédent. Cette réorganisation s'appliquera à tout le parcours scolaire. Elle atténuera la rupture des changements de cycle entre le primaire et le collège, entre le lycée et l'université, développera l'orientation choisie des élèves et surtout réhabilitera les filières technologiques et professionnelles – cette voie professionnelle qui a subi depuis 2008 une réorganisation profonde qui a eu des conséquences néfastes sur la carte des formations, sur l'élaboration des parcours des jeunes et surtout sur les pratiques pédagogiques d'enseignement.

Monsieur le ministre, j'ai été très sensible à ce que le projet de loi prévoit pour la voie professionnelle. Vous indiquez que, dans les lycées professionnels, les moyens nouveaux permettront de garantir à tous les élèves un diplôme au moins de niveau 5, d'améliorer la réussite au baccalauréat professionnel, de mieux sécuriser les parcours et surtout de lutter contre le décrochage scolaire.

L'ensemble de ces mesures représente un effort financier et humain considérable, mais cet effort constitue un investissement pour l'avenir de notre pays.

Vous avez dit qu'il fallait mieux associer l'État et les régions pour la carte des formations dans ces lycées professionnels. Avant, il n'y avait qu'une convention annuelle, peu lisible et peu claire ; maintenant, il faut une véritable carte des formations. C'est une véritable ambition nationale : une carte des formations partagée avec votre ministère, le rectorat, les régions, les partenaires sociaux, pour avoir un dialogue beaucoup plus sain, un dialogue obligatoire. Pour que les formations soient adaptées aux spécificités des territoires, il faut un ajustement qualitatif et intelligent, il faut conforter les filières et surtout développer des métiers, qui contribueront aussi au redressement productif.

Il faut, monsieur le ministre, arriver à avoir comme objectif une chaîne logique pour les jeunes, pour nos lycéens : formation, orientation, développement économique, aménagement du territoire, recherche, innovation et emploi. De votre discours très positif, j'ai retenu que vous alliez travailler avec l'ensemble des ministères, qu'il s'agisse de l'enseignement supérieur sur la poursuite des études, du ministère de l'agriculture au sujet des structures agricoles, du ministère de la culture sur l'histoire des arts, inéquitablement enseignée sur l'ensemble du territoire.

Et l'on ne peut que se féliciter, à l'article 38 sur la formation en alternance, de la suppression de cette loi Cherpion qui date du 28 juillet 2011, qui introduit le DIMA, dispositif d'initiation aux métiers en alternance, et surtout qui oblige des jeunes de moins de quinze ans à aller en alternance en signant un contrat d'apprentissage malheureusement sans employeur. Cela, vous l'avez supprimé et je ne peux que m'en féliciter.

Monsieur le ministre, j'ai bien retenu aussi ce que vous avez dit au sujet des langues régionales : cet enseignement proposé aux élèves sous diverses formes, la sensibilisation, l'initiation, l'enseignement bilingue, est un enrichissement culturel incontestable qui favorise l'intégration de l'élève à son territoire proche, mais aussi la compréhension de l'espace national et européen. Ces langues régionales, monsieur le ministre, sont un précieux outil de développement cognitif.

L'élève reste donc au centre de nos préoccupations et on ne peut que se féliciter, monsieur le ministre, de ce projet de loi, de son contenu, qui je l'espère va faire baisser le pourcentage d'illettrés : c'est l'illettrisme, malheureusement trop répandu en France, qui a été choisi par le Premier ministre comme grande cause nationale pour 2013. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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