Je suis heureux de vous accueillir, à l'occasion de cette première réunion après la reconstitution de notre Office. Le premier point de notre ordre du jour consiste à nommer les rapporteurs de l'étude sur l'hydrogène, dont nous avons été saisis, en janvier 2012, par la commission des Affaires économiques du Sénat. J'en présenterai en quelques mots les principaux enjeux.
Le potentiel de l'hydrogène en tant que vecteur énergétique a été entrevu par Jules Verne dès la fin du XIXe siècle. C'est le plus petit élément et, en même temps, le plus répandu dans l'univers, et il a fasciné des générations de scientifiques et d'ingénieurs qui se sont attachés à exploiter ses propriétés physiques et chimiques, afin d'en extraire une solution pour le transport, le stockage et la restitution de l'énergie. L'intérêt pour cette solution est passé dans la sphère des décideurs et, depuis un demi-siècle, des investissements importants ont été réalisés dans ce domaine, notamment pour expérimenter des piles à combustible.
L'effort de recherche sur l'utilisation énergétique de l'hydrogène se poursuit aujourd'hui en France, au sein du CNRS, du CEA ou de l'IFP-EN, comme à l'étranger, notamment chez nos voisins allemands. La question du stockage et du transport de l'énergie s'avère en effet cruciale, en lien avec l'expansion des énergies renouvelables intermittentes que sont l'éolien et le solaire. Elle est évidemment également au coeur de la lutte pour la réduction de nos émissions de CO2.
Pour autant, une étude sur l'hydrogène ne doit pas se limiter à en présenter les promesses et applications possibles. Elle doit aussi mettre en évidence les obstacles qui restent à lever pour passer à une échelle industrielle. Il faut notamment analyser d'où vient l'hydrogène. L'étude devra donc considérer toute la chaîne qui va de la production de l'hydrogène à son utilisation, en passant par son transport et son stockage. Il conviendra aussi d'évaluer les atouts et faiblesses de ce vecteur énergétique par rapport à d'autres voies techniques possibles, notamment celle des hydrocarbures de synthèse.
À cet égard, il sera indispensable de faire le point sur les avancées réalisées depuis le rapport sur ce même sujet conduit par Robert Galley et Claude Gatignol en 2001, voire depuis le rapport de Claude Birraux et Christian Bataille sur la recherche en énergie de 2008. Il s'agira aussi de restituer le rôle de l'hydrogène dans l'effort de recherche au service de la transition énergétique.
L'Office doit particulièrement s'attacher à donner une vue aussi complète que possible des enjeux, en termes positifs comme négatifs, des sujets qu'il traite. Je crois en effet que c'est sur sa capacité à produire des études complètes et équilibrées, ainsi qu'à dégager des orientations parfois inattendues, voir dérangeantes pour les acteurs en place, que notre Office a bâti, au fil des années, sa crédibilité, et qu'il pourra continuer à la consolider.
C'est d'autant plus vrai s'agissant d'un sujet comme l'hydrogène, qui a déjà été examiné à de nombreuses reprises, en France comme dans plusieurs autres pays, aussi bien au sein d'instances politiques que par des institutions scientifiques aussi réputées que notre Académie des sciences ou le National Research Council américain. Je suis donc particulièrement attaché à ce que notre étude sur l'hydrogène s'appuie sur les acquis de la démarche spécifique de notre Office pour parvenir à un résultat apportant une réelle valeur ajoutée par rapport aux réflexions existantes sur le sujet.
Après ces quelques précisions, j'ouvre la discussion pour le recueil des candidatures et la désignation des rapporteurs.