Intervention de Germinal Peiro

Réunion du 31 juillet 2012 à 16h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGerminal Peiro :

Monsieur le ministre, vous héritez d'une situation difficile et dégradée. Au cours des dernières années, l'agriculture a beaucoup souffert ; la France, anciennement premier exportateur européen de ce secteur, n'occupe plus que la troisième place derrière l'Allemagne et les Pays-Bas. Les dix dernières années ont vu la disparition de 26 % des exploitations agricoles de notre pays. Le nombre des installations a tellement diminué que, dans certains départements, il ne s'en produit plus qu'une pour quatre départs. Enfin, 10 % des exploitants agricoles bénéficient du RSA. L'agriculture française est en effet touchée, depuis plusieurs années, par le double mouvement d'approfondissement de la libéralisation des échanges et de réduction des instruments de régulation, notamment européens : politique de soutien des prix, plans de stockage, abandon du contrôle des volumes, disparition programmée des quotas laitiers et suppression, adoptée par le précédent Gouvernement, de la réglementation sur les droits de plantation en matière viticole.

Le Président de la République s'est engagé en faveur d'une agriculture de production. Le Premier ministre a confirmé cette orientation en affirmant le souhait de soutenir non pas une mais des agricultures. Vous-même, monsieur le ministre, venez de reprendre devant nous, ce plaidoyer pour des agricultures diversifiées, durables et performantes. Une grande partie des enjeux pour l'avenir se noue à l'occasion de la réforme de la PAC. Comment comptez-vous convaincre nos partenaires européens de la nécessité d'encourager l'emploi et non les hectares ?

La proposition actuelle de la Commission européenne vise à opérer une convergence, d'abord nationale puis européenne, qui entraînerait, à terme, le versement d'un aide égale pour chaque hectare. Or, tous les hectares n'exigent pas le même travail. Selon les professionnels du secteur agricole, un hectare d'une grande culture requiert quatre à cinq heures de travail par an alors qu'un hectare utilisé pour l'élevage – qui correspond à une unité gros bétail – demande quarante à cinquante heures de travail par an et que ce temps est évalué dans une fourchette comprise entre deux cents et deux cent cinquante heures pour un hectare de vigne ou d'arboriculture. Ainsi, pour l'élevage et la polyculture, un emploi est nécessaire pour cinquante hectares, tandis que, pour la grande culture, il suffit d'un emploi pour deux cents à deux cent cinquante hectares.

Les agriculteurs doivent être incités à engager un renouvellement de leurs méthodes de travail. La convergence économique et écologique que vous appelez de vos voeux, monsieur le ministre, se réalisera d'autant plus facilement que des moyens seront mobilisés pour encourager les professionnels du secteur agricole à suivre cette voie.

Enfin, le Président de la République a pris des engagements clairs en matière de retraite agricole : allez-vous, monsieur le ministre, commencer à les mettre en oeuvre dans la loi de finances pour 2013 ?

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