Dans la perspective de la réflexion sur l'agroalimentaire que nous allons mener avec Guillaume Garot, nous comptons établir une cartographie des structures d'abattage. On sait qu'il n'y a pas un modèle économique unique pour cette activité, à la rentabilité généralement faible. Cependant certains petits abattoirs sont tout à fait viables ; ils présentent surtout l'avantage non négligeable d'offrir des débouchés à des productions locales. C'est là une question à envisager dans sa globalité, si on veut trouver des solutions adaptées à chaque cas. En tout état de cause, il faut garder à l'esprit que ces abattoirs sont nécessaires au maintien de l'élevage.
Dans le contexte budgétaire contraint qui est le nôtre, nous allons essayer de maintenir à leur niveau actuel les subventions à la modernisation des bâtiments d'élevage en zone de montagne, mais il ne serait pas raisonnable de s'engager à les augmenter.
S'agissant du traitement chimique de l'infestation aux campagnols: je ne me suis pas encore penché sur cette question techniquement très pointue ! Mais je vous promets de le faire.
Plutôt que d'une loi spécifique à l'outre-mer, je suis plutôt partisan de ce que la loi d'avenir pour l'agriculture comprenne un volet dédié à l'outre-mer. Je crois que cela va d'ailleurs dans le sens souhaité par Victorin Lurel, avec lequel j'en discuterai. L'avenir de l'agriculture dans ces territoires pose la question de l'accès aux petits marchés locaux. Quant à la possibilité d'instaurer des quotas d'importations pour les territoires d'outre-mer, une telle décision relève du niveau européen. Je pense cependant que le potentiel des marchés locaux d'outre-mer n'est pas exploité autant qu'il le devrait. Or ce problème relève bien d'une réflexion globale sur l'agriculture.
Il est vrai que les décisions prises par l'Europe pour combattre la surpêche posent des questions de fond. Il faudrait notamment que les pêcheurs participent, à côté des scientifiques, à l'évaluation des stocks halieutiques.
Pour le classement en zones vulnérable, les teneurs en nitrates sont mesurées à l'aval du bassin en cause et l'origine de la pollution est recherchée en amont. J'ai le même problème dans la Sarthe. Il faut trouver des solutions adaptées, tout en gardant à l'esprit que l'objectif est de diminuer les pollutions. Or c'est sur les agriculteurs que pèseront des investissements onéreux, puisqu'ils ne seront plus financés par les programmes de maîtrise des pollutions d'origine agricole. En tant que ministre de l'agriculture, je dois tenir compte de ma collègue en charge de l'environnement, et surtout de la directive Nitrates. En outre, nous sommes déjà en contentieux avec l'Europe et nous encourons des pénalités financières au cas où nous ne satisferions pas à ses demandes. Dans un tel contexte, il m'est difficile de vous proposer des solutions. Même si je ne pense pas que les bassins de stockage constituent la panacée, c'est pour l'heure la seule réponse de l'Europe. C'est pourquoi, de façon générale, qu'il s'agisse de la PAC, des mesures agroenvironnementales, du verdissement, etc., ma politique sera d'abord d'essayer d'ouvrir des brèches afin de nous permettre d'aller vers d'autres modèles de production.
La question de l'installation en agriculture doit aussi être abordée dans le cadre de cette réflexion globale. Le contrôle des structures a eu des répercussions profondes sur la politique d'installation en agriculture, mais il est temps de réformer un système qui est en place depuis cinquante ans. Le président du Centre national des jeunes agriculteurs (CNJA) est d'accord avec moi sur la nécessité de rebattre les cartes, notamment en ce qui concerne l'entrée dans le métier de l'agriculture, ou plutôt dans les métiers des agricultures. Aujourd'hui beaucoup de jeunes agriculteurs s'installent hors cadre familial : c'est le cas du président du CNJA lui-même. On ne peut plus seulement prendre en compte la surface d'installation : ne faudrait-il pas considérer plutôt la surface d'interconnexion, c'est-à-dire le réseau dans lequel s'inscrit l'agriculture ?