Intervention de Stéphane le Foll

Réunion du 31 juillet 2012 à 16h30
Commission des affaires économiques

Stéphane le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt :

Afin de coordonner nos politiques publiques et de mettre en oeuvre des projets transversaux, il est nécessaire d'assurer une certaine corrélation entre les budgets des différents fonds structurels que sont le FEDER, le FSE et le FEADER. Cette idée, que j'ai longtemps promue en ce qui concerne le FEADER, figure d'ailleurs dans le projet de la Commission européenne. En outre, un important travail reste à faire pour articuler les premier et deuxième piliers de la PAC ainsi que le deuxième pilier et le fonds de cohésion. Dans le cadre des groupes d'action locale et du programme LEADER, il convient non pas de s'appuyer sur des politiques de guichet ou de fonds comme c'est le cas actuellement, mais de partir de politiques territoriales adaptées aux projets locaux – politiques auxquelles des fonds pourront alors apporter un soutien financier.

La concurrence qui affecte désormais la Réunion dans le secteur de la canne à sucre est un véritable problème. En effet, avant la réforme de l'OCM sucre, les territoires d'outre-mer bénéficiaient des accords ACP, accords préférentiels qui étaient beaucoup plus avantageux. Afin de rééquilibrer la situation, il est nécessaire de segmenter et de créer des débouchés en promouvant l'identification. Les marchés locaux ultramarins sont dotés d'un véritable potentiel auquel l'agriculture locale devrait répondre bien davantage qu'elle ne le fait actuellement. En outre, afin de protéger les productions plus internationales et de leur assurer des débouchés, il faut définir des politiques de qualité qui soient fondées sur la définition d'IGP.

La question du coût de l'énergie dans les serres légumières bretonnes n'est pas sans rappeler celle du coût élevé de raccordement aux réseaux d'électricité ou d'assainissement des maisons que l'on a laissé construire un peu partout. Afin d'éviter les problèmes de compétitivité que cela peut poser, il faut regrouper les serres de manière rationnelle et cohérente, en « grappes de serres », autour de différentes sources d'énergie – cogénération, gaz ou géothermie.

Dans le domaine de l'agriculture périurbaine, l'offre n'est pas suffisamment organisée et regroupée pour répondre à la demande. C'est pourquoi notre réflexion sur les groupements d'intérêt économique et environnemental doit également porter sur l'organisation collective, qu'il s'agisse de distribution ou d'organisation commerciale. La diversité des agricultures existe mais celle des réponses commerciales et des marchés de proximité aussi. On ne peut donc imposer une règle identique pour tous. Lorsque Jean-Michel Schaeffer présidait le CNJA, je l'avais interrogé au sujet de Strasbourg, grande communauté urbaine située dans la zone productrice de maïs qu'est la plaine de Colmar. Or, l'aire urbaine de Strasbourg est porteuse d'un potentiel considérable, à l'instar de Caen, du Mans et de Lyon, à condition que l'on organise les choses.

Des expériences sont actuellement menées sous le nom de « marchés numériques » afin de déterminer la manière de regrouper l'offre locale pour faire en sorte que la demande locale puisse y accéder. Pour l'instant, les cantines scolaires n'ont pas encore trouvé la solution. C'est une question d'organisation non pas de la production mais de la distribution et de la commercialisation. Il nous faudra donc innover en la matière afin de promouvoir toutes les agricultures et surtout de répondre à tous les débouchés.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion