Si vous pensiez vraiment que les professeurs devaient être une priorité dans ce pays, il fallait le dire et agir. Je vous ai dit que 80 000 suppressions de postes représentaient sans doute plus de 3 milliards d'euros et qu'en deux ans, 250 millions d'euros avaient été redistribués pour les salaires des enseignants. Nous en sommes déjà, pour notre part, à 800 millions.
Vous ajoutez, ce qui est intellectuellement très séduisant – Benoist Apparu a beaucoup insisté sur ce point – qu'il faudrait un redéploiement du secondaire vers le primaire. C'est très juste, puisque la dépense d'éducation est plus importante pour le secondaire. La majorité que vous avez soutenue a mené la réforme des lycées à l'égard de laquelle vous avez noté que j'ai été, jusqu'à présent, très prudent. Mais, à peine le SNES a-t-il toussé que vous avez précisé que cette réforme serait faite à moyens constants ! Vous n'avez voulu réaliser aucune économie au niveau du lycée. Donc, il nous reviendra également de tracer la voie dans ce domaine comme dans d'autres.
Nous sommes au coeur de notre désaccord. Lorsque nous gouvernons, nous devons choisir et dire quelle est notre priorité. Le Président de la République l'a très clairement précisé lors de la campagne présidentielle : c'est la jeunesse et c'est l'école. Nous avons encore moins qu'hier les moyens de jeter l'argent par les fenêtres parce que nous maîtrisons les déficits publics. La France a donc fait un choix : celui de sa jeunesse, de l'avenir, de l'investissement dans la connaissance, de la formation, de la lutte contre le décrochage, de la préparation de l'avenir. Nous donnons donc – et nous l'assumons – une priorité budgétaire à l'école. Mais comme nous avons parallèlement besoin d'un débat démocratique clair, nous nous devons de préciser devant votre assemblée, à l'occasion du débat sur ce projet de loi d'orientation, à quoi ces moyens seront consacrés. Tous les jours, vous le savez, des gens nous disent qu'il n'y aura pas assez de postes à la rentrée ou qu'une nouvelle classe va fermer… Oui, et je l'assume, nous privilégions d'abord la formation des enseignants parce que c'est du qualitatif. Même lorsque nous mettons en place les dispositifs « plus de maîtres que de classes », ce qui est du qualitatif, du pédagogique, nous savons que ces 7 000 postes seront insuffisants et qu'il n'y en aura pas un dans chaque école de France, puisqu'elles sont 20 000. Les secteurs les plus en difficulté seront, par conséquent, prioritaires. Ce projet de loi de programmation ne doit pas donner lieu à une discussion de principe. Les Français ont compris que, contrairement à vous, nous donnions la priorité à l'école ! À quel secteur faut-il consacrer davantage de moyens ? Est-ce que ce sont les bons choix si l'on veut lutter contre l'échec scolaire ? Je pense, pour ma part, que le vrai débat consiste à se demander si la priorité à la formation des enseignants est le bon choix. Là, il y a l'espace d'un débat, d'un beau débat démocratique ! Donner la priorité au primaire est-il le bon choix ? Si vous le contestez, assumez-le. Nous assumons notre choix budgétaire, ce que vous ne contestez pas. C'est coûteux pour les autres ministères. Nous affichons, ensuite, des priorités que vous ne contestez pas. Vous pouvez donc soutenir avec nous cette programmation !
Depuis le début, vous vous prétendez, vous aussi, favorables au rassemblement. Le rassemblement de ceux qui aiment l'école, c'est celui de ceux qui donnent la priorité à l'école ! C'est ce que nous vous proposons ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et RRDP.)