Intervention de Barbara Pompili

Séance en hémicycle du 14 mars 2013 à 15h00
Refondation de l'école de la république — Article 1er et rapport annexé, amendement 124

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

L'évaluation est une question centrale et personne dans cet hémicycle n'est contre. Cela n'aurait d'ailleurs aucun sens. Levons donc tout de suite cette ambiguïté.

En revanche, notre amendement vise à préciser ce qui a été dit à l'alinéa 76 sur l'évolution de l'évaluation. Nous pensons que ce n'est pas assez clair et nous demandons une sortie définitive, à terme, de la notation chiffrée à l'école primaire et une incitation à passer à un autre type d'évaluation dans le secondaire.

La question essentielle est la suivante : à quoi doit servir l'évaluation ?

Elle doit servir à mesurer les apprentissages des élèves, au sens de l'amélioration des connaissances, des savoirs et des compétences. Je pense que nous sommes tous d'accord sur ce point. Mais lorsqu'il y a une notation, elle est attribuée sur la base d'une performance immédiate, d'un test. C'est ainsi que l'on note. Lors de ces tests, on sait l'influence qu'ont les connaissances préalables de certains élèves, dues à leur origine sociale, ou encore l'influence d'une plus ou moins grande vulnérabilité face à des tests.

Les notes stigmatisent les différences entre les élèves, qui sont liées à autre chose qu'à leurs connaissances, qui sont liées à leur origine sociale, à leur capital culturel, à leurs compétences sociales. Elles organisent insidieusement un travail de sélection qui tient trop souvent lieu et place d'orientation dans notre système scolaire. Aussi, interdire strictement la notation dans le primaire et la décourager dans le secondaire poussera les équipes pédagogiques à envisager différemment les évaluations des apprentissages.

Il y a déjà, dans notre pays, des expériences d'éducation sans notation. Il y en a, par exemple, en Charente-Maritime, où neuf collèges sur cinquante et un ont des classes sans notes. Si, au début de l'expérience, certaines réticences se font jour, finalement, tout le monde est conquis par le système et il y a des retours très positifs – je pensais aux réticences, non seulement du corps enseignant, mais aussi des parents.

Je suis moi-même maman. Les notations ont un caractère rassurant puisqu'elles nous donnent l'impression d'être investis dans l'éducation de nos enfants. Or nous pourrions être investis autrement, notamment en ayant une place plus importante dans l'école.

On peut faire d'autres systèmes d'évaluation, comme ceux qui fonctionnent en Charente-Maritime, par exemple, par des codes couleurs, qui sont beaucoup moins stigmatisants. On ne sanctionne plus les échecs, mais on cible les difficultés d'apprentissage pour mieux encourager les élèves. On permet l'auto-évaluation.

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