Cet amendement, auquel je tiens beaucoup, vise à réintroduire, à la dernière phrase de l'alinéa 82, après le mot « comportement », les mots « réfléchi et ». La commission avait souhaité s'en tenir à la tolérance. Afin d'éviter toute incompréhension, je précise d'emblée que je suis favorable à la tolérance. Reste qu'elle ne résume pas la laïcité qui n'est pas qu'un principe juridique car si elle repose sur une contrainte extérieure, elle repose aussi sur une obligation intérieure – nous sommes donc là dans le domaine de la morale et non plus dans celui le droit. C'est ce que nous devons enseigner. Il ne faut pas respecter la laïcité uniquement parce qu'on aurait peur d'être sanctionné, mais parce que nous portons un certain nombre de valeurs.
Je tiens à l'expression « comportement réfléchi » parce que, précisément, il convient de faire droit à la réflexion, cette mise à distance à soi-même, au jugement critique, à la liberté de conscience, enfin à la laïcité intérieure, pour reprendre l'expression du grand historien Claude Nicolet. Il est important, donc, d'introduire cette notion de réflexion. C'est ainsi que, comme le soulignait autrefois Jules Simon, depuis Descartes jusqu'à l'instauration de l'école de la République en passant par la Révolution française, il y a une continuité fondée, non sur la tolérance, mais sur la liberté de conscience, la liberté pour chacun, comme le soutenait Rabaut Saint-Étienne.