Intervention de Gabriel Serville

Réunion du 26 février 2013 à 17h00
Délégation aux outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGabriel Serville :

Je vous remercie de nous avoir encore une fois donné l'occasion de nous exprimer sur ce projet d'exploitation pétrolière en Guyane. M. Roméo, que j'ai rencontré à de multiples reprises, connaît les doutes qui sont les miens. Les témoignages sur la façon dont le pétrole est exploité dans certaines régions de la planète ont de quoi inquiéter les Guyanais. Nous avons le sentiment qu'il y a, d'un côté, ceux qui exploitent, et, de l'autre, ceux qui se font exploiter par des sociétés qui sont souvent internationales. Je ne dis pas cela pour M. Roméo, pour lequel j'ai beaucoup d'estime.

J'ai relevé dans son propos qu'il était fier d'être français et de pouvoir apporter des capitaux à son pays. Je rappelle tout de même que le consortium qui s'organise autour de ce projet regroupe d'autres compagnies pétrolières qui ne sont pas de nationalité française. Nous nous sommes d'ailleurs rendu compte que, sur le Stena Icemax, peu d'employés parlaient notre langue. Il n'en reste pas moins que c'est une grosse entreprise, bien organisée, malgré de rudes conditions de travail.

M. Roméo a également parlé de confiance. Il me semble qu'il faudrait, par des discours appropriés et des démonstrations idoines, rétablir la confiance avec la population française en général, et guyanaise en particulier. C'est ainsi que l'on pourra avancer de façon sereine. J'en veux pour preuve le Forum des métiers du pétrole qui a été organisé très récemment en Guyane. Celui-ci a suscité un grand engouement auprès de la jeunesse. Malheureusement, je n'ai pas le sentiment qu'il sera suivi d'effet. M. Roméo lui-même nous a expliqué que Shell positionnerait sur les plates formes, à travers le monde, une dizaine de jeunes Guyanais qui pourraient être opérationnels une fois que l'exploitation du pétrole aurait démarré en Guyane. Ainsi, 1 000 jeunes seront passés par le Forum des métiers, mais bien peu seront positionnés sur les plates formes. Que fera-t-on des autres qui espèrent ? Il ne faut pas les décevoir. Or, les responsables des services de l'État en Guyane nous ont dit leur inquiétude : beaucoup de jeunes, qui auraient aimé pouvoir s'insérer dans cette dynamique, risquent de ne pas y parvenir. Pour moi, la question est donc bien de savoir comment rétablir un rapport de confiance avec les décideurs et la population.

J'ai bien entendu que la société Shell, comme les autres sociétés, mettait son expertise technique à la disposition de la France et qu'elle avait droit, à ce titre, à une fiscalité équitable. Ne pourrait-on pas s'inspirer, dans le nouveau code minier, de la fiscalité qui se pratique ailleurs ? J'imagine qu'il y a d'autres endroits, dans le monde, où l'on a été amené à forer à 6 000 mètres de profondeur.

J'ai envie d'avoir confiance dans ce projet, mais je m'interroge. Ces interrogations ne sont pas nées de la pratique de Shell en Guyane – puisque nous n'en sommes qu'à la phase d'exploration – mais des observations sur ce qui s'est passé et sur ce qui se passe ailleurs. Ne risquons-nous pas, en Guyane, d'être confrontés aux mêmes difficultés ?

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