Je serais le premier heureux d'employer de très nombreux jeunes Guyanais – ou de moins jeunes, d'ailleurs. Cela signifierait que l'on développe une opportunité d'activité commerciale importante pour la Guyane et pour la France.
Dans la phase où nous nous trouvons, les moyens que nous déployons sont tels que nous ne pouvons que générer de l'espoir. Cela dit, je ne peux pas promettre que nous allons découvrir un champ commercial si je n'en suis pas sûr – même si j'y crois. Nous ne pouvons pas présenter de projet, comme c'eût été le cas si le deuxième forage avait été un grand succès. On parlerait alors de centaines d'emplois et d'un programme de formation pour les jeunes Guyanais. Mais nous n'en sommes pas là. Il faut donc faire preuve de patience, même si je sais combien cela peut être difficile dans le contexte actuel – en Guyane et, plus généralement, en France.
À la suite du Forum des métiers du pétrole, nous avons collecté à peu près 170 curriculum vitae de très bonne qualité, que nous gardons en stock et que nous espérons voir déboucher un jour sur des emplois. J'observe que, sur le millier de personnes que nous avons reçues, près de la moitié d'entre elles nous a dit ne pas être intéressée par une activité en mer. Quoi qu'il en soit, je suis heureux que nous ayons suscité des vocations. Mais j'aurais peut-être besoin que la collectivité territoriale nous aide à gérer l'impatience qui se fait jour pendant cette période de prospection.
Je répondrai à votre question sur la fiscalité en indiquant que je me rends régulièrement à Bercy et que nous communiquons, notamment sur toutes les données de benchmark. Cela dit, lorsque l'on compare les systèmes, on s'aperçoit qu'il y a plusieurs façons d'arriver au même résultat – taxation du chiffre d'affaires, des bénéfices, remboursement des investissements non productifs, etc. – et que l'important est la rentabilité sur l'investissement dans un scénario de prix. Personnellement, je suis quasiment certain des chiffres auxquels nous aboutirons. Mais cela passera par une discussion visant à faire émerger une fiscalité équitable, et non par une formule toute faite intégrée dans le code minier.
Je vous rappelle que Shell Exploration and Production France est une société française depuis 1919 et que 850 Français sont employés par la Société des Pétroles Shell. Il est vrai qu'aujourd'hui, les équipages qui travaillent au large de la Guyane ne sont pas français. Mais cela est dû au fait que nous ne disposons pas, sur place, des compétences suffisantes. Je serais très heureux d'employer, un jour, 100 % de personnels français et 80 % de personnels guyanais. Sans compter que les Français formés à ces métiers peuvent travailler non seulement en Guyane, mais aussi dans d'autres pays que la France, dans la mesure où l'activité est en plein développement. Cela dit, cela ne sera possible que si nos recherches aboutissent et que si nous nous donnons les moyens de réussir.
Il ne peut s'agir que d'une démarche collective. Certes, nous sommes en France. Nous ne vivons pas dans un contexte de guerre civile, avec une déconnexion entre le niveau local et le niveau gouvernemental, dans des pays où l'intégrité n'est pas forcément une vertu première et où certains profitent davantage de la richesse que d'autres. Il est toutefois important que la fiscalité soit équitable, non seulement pour l'opérateur, mais aussi pour la collectivité.
Je fais partie de ceux qui ont milité pour qu'il y ait une retombée directe du montant des prélèvements liés à l'activité pétrolière sur la Guyane, ce qui n'est pas dans la tradition fiscale française. Je suis conscient, en effet, du problème qui surgirait si tout allait à Paris et revenait au compte-gouttes en Guyane. D'un autre côté, on ne peut pas imaginer que la Guyane dispose de 90 % d'une richesse au détriment du reste de la Nation. Cela me semble être une question très intéressante pour la représentation nationale.