Intervention de Gabriel Serville

Réunion du 26 février 2013 à 17h00
Délégation aux outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGabriel Serville :

Je peux vous donner l'exemple d'une industrie qui fonctionne très bien en Guyane, sans corruption ni pillage : celle de l'industrie spatiale.

Cette activité avait été présentée comme potentiellement capable de servir de locomotive au développement économique de la Guyane. Certes, le secteur spatial représente un pourcentage important de son PIB. Mais, à lui seul, il ne suffit pas à assurer son développement, en raison d'un certain nombre de dispositions, notamment fiscales, qui restent encore à prendre. On sent bien que le spatial reste une chasse gardée, un domaine réservé, qui ne joue pas pleinement le rôle qui aurait pu être le sien. De la même façon, nous craignons qu'une industrie pétrolière, même correctement organisée, ne se heurte à des barrières naturelles, d'ordre administratif, réglementaire ou fiscal, et que la Guyane n'en tire pas tout le bénéfice qu'elle serait en droit d'en attendre.

Tullow Oil avait estimé les réserves potentielles de pétroles à 4 milliards de barils, mais la Shell les avait estimées à 300 millions. Nous nous étions alors demandé si la Guyane pourrait prétendre posséder une raffinerie. Pour Shell, avec 300 millions de barils, ce ne serait pas rentable. Mais ce ne serait pas techniquement impossible. Le fait d'avoir une raffinerie sur place éviterait aux Guyanais de devoir aller jusqu'à Trinidad et permettrait à la Guyane de développer des industries connexes.

Il est évident que la Guyane ne va pas compter que sur le pétrole pour s'assurer un développement économique durable et pérenne. Mais qu'adviendrait-il si la Shell faisait le choix, tel un mécène, de mettre à la disposition de la Guyane des leviers beaucoup plus conséquents que la simple exploitation de pétrole, pétrole ensuite dirigé vers les raffineries de Trinidad ou d'ailleurs ? Sans doute n'est-ce qu'un rêve…

Monsieur le président, je sais bien que la Shell n'est pas un philanthrope. C'est une société commerciale, soumise à des impératifs d'ordre économique. Elle n'est pas là pour assurer le développement des pays dont elle exploite le pétrole. Je connais les logiques qui sous-tendent le fonctionnement des entreprises capitalistiques comme la Shell. Il n'empêche qu'en tant que représentant de la population, je peux être amené à adopter une position opposée à la vôtre. Cela me paraît tout à fait légitime.

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