Intervention de Jean Jouzel

Réunion du 13 mars 2013 à 10h15
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Jean Jouzel, co-rapporteur de l'avis du CESE sur la transition écologique :

Le dernier axe de notre travail a trait à la recherche et à l'innovation. Dans la mesure où la transition énergétique est inévitable, ceux qui s'y investiront le plus tôt seront gagnants du point de vue économique, à condition de savoir innover dans ces domaines. Un fort potentiel de recherche et d'innovation doit être mis en oeuvre si l'on veut faire de la transition énergétique un levier de compétitivité. Ne pas le faire serait courir à l'échec économique. L'Agence internationale de l'énergie rappelle que toute somme non investie d'ici à 2020 dans les technologies nécessaires à la lutte contre le réchauffement climatique devra être multipliée par quatre après 2020 pour obtenir le même résultat. La transition énergétique n'est donc pas qu'un jeu écologique, c'est aussi un jeu économique. Nous en sortirons plus compétitifs, pour peu que nous sachions innover dans ce domaine, en particulier dans les énergies renouvelables qui prendront une place de plus en plus importante au niveau mondial.

Les recommandations de notre rapport sont assez classiques mais néanmoins importantes : associer recherche fondamentale, recherche appliquée, innovation et développement, autrement dit mobiliser toute la chaîne de valeur dans ces domaines ; favoriser les partenariats pour arriver à de véritables innovations et permettre le passage jusqu'au développement de nouvelles filières. La recherche sur l'énergie, actuellement, n'est pas forcément conforme à cette recommandation. L'ANCRE, l'Alliance nationale de coordination de la recherche pour l'énergie, a bien été mise en place, mais elle n'est pas vraiment organisée pour faire face aux défis des dix ou vingt prochaines années. Dans ce domaine de la recherche en énergie, nous préconisons d'effectuer un état des lieux.

Nous insistons – et nous ne sommes pas les seuls – sur l'importance, dans tous ces travaux, des sciences humaines et sociales, pas seulement des sciences de l'ingénieur. La façon dont on saura intégrer les découvertes et les innovations dans le tissu social a son importance. Or ce n'est pas simple. Il faut réfléchir dès maintenant à la façon de développer des réseaux pluridisciplinaires, de même qu'au mode de financement de ces aspects de recherche et d'innovation. À cet égard, nous avons émis quelques recommandations à observer d'ici à 2020 : réalisation d'un état des lieux et affectation des crédits de recherche en fonction des résultats, pas simplement de façon abstraite par rapport à des objectifs. Bien sûr, il faut trouver des sources de financement. Le marché ETS est censé constituer une voie de soutien à la recherche sur l'énergie en général. Je répète que les recherches en sciences humaines doivent être développées et plus encore intégrées. Cette recherche doit être européenne et nous nous devons d'être présents au niveau européen dans ce domaine de la recherche et de l'innovation.

Nous réitérons notre intérêt à continuer d'explorer et de déployer toutes les pistes de valorisation et de transformation du CO2, y compris le captage et le stockage. On ne voit pas bien comment le fossile réussira à diminuer ses émissions d'un facteur quatre si cette technique ne devient pas mature rapidement. C'est vrai au niveau français comme au niveau international.

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