Intervention de Jérôme Chartier

Séance en hémicycle du 10 juillet 2012 à 15h00
Règlement des comptes et rapport de gestion pour l'année 2011 — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJérôme Chartier :

Avec cette mesure, vous revenez à cette vieille gauche pétrie d'un sentimentalisme mondialiste à l'heure où chaque pays se bat pour sa croissance et pour ses emplois. La France, elle, palabre et distribue. Curieuse image que souhaite se donner la nouvelle majorité de la cinquième puissance mondiale dont rien ne garantit qu'à ce rythme elle conservera son rang demain.

À ce rythme, dans moins de quarante ans, en 2050, plus un seul pays européen ne sera membre du G8 et deux seulement pourront figurer dans le G20.

C'est en en prenant conscience que Nicolas Sarkozy s'est attelé dès l'automne 2008, alors que la crise mondiale la plus rude du XXe siècle commençait, à reconstruire une perspective conquérante pour la France, à l'aide d'une dépense publique d'abord maîtrisée, puis réduite, et de mesures destinées à soutenir les principales filières industrielles.

Ainsi, la loi de règlement rappelle que la filière automobile a bénéficié de prêts de plus de 6 milliards, dont 4 milliards remboursés en 2011. Ces prêts avaient été consentis parce que les circonstances l'exigeaient. Ils avaient été consentis parce que, lorsqu'il y a urgence, il faut agir, pas palabrer.

Aujourd'hui le site d'Aulnay du groupe PSA est menacé. Que fait M. Hollande ? Il réunit une conférence sociale pour palabrer. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)

Voilà la nouvelle gouvernance qui se dessine à l'heure où nous allons nous prononcer sur le dernier acte d'un quinquennat qui aura été l'un des plus ambitieux et des plus réformateurs de toute la Ve République (Exclamations sur les bancs des groupes SRC, écologiste, GDR et RRDP), qui a rappelé la grandeur de la France du temps du général de Gaulle et de Georges Pompidou.

À la République de l'efficacité voulue par Nicolas Sarkozy succède la République de la parlotte, celle de MM. Hollande et Ayrault, où le plus important ne sera pas de décider mais de discuter ; où le plus important sera que chacun soit satisfait de son propre propos avant de chercher à se satisfaire de ses résultats.

Cette loi de règlement sonne donc le glas pour quelque temps d'une certaine idée de la France, celle où nous décidions de nous retrousser les manches pour aller de l'avant.

Au fond, la France de Nicolas Sarkozy, c'était un rassemblement d'énergies et de volontés. Qui dépassaient parfois les clivages partisans, chacun s'en souvient, car la formation d'un gouvernement, comme d'un cabinet présidentiel, ne peut être le seul fruit d'équilibres et d'apparences partisanes.

À l'heure où les nominations sont purement politiques, je mesure la différence de gouvernance. Avec le gouvernement de M. Ayrault, c'est le retour aux vieilles pratiques des républiques. Un siège par ci, un siège par là, une récompense pour le fidèle… Le recrutement est d'abord une succession de remerciements, parfois touché par la grâce de la compétence.

Bref, une période normale. Alors qu'il faudrait justement mettre les bouchées doubles pour que la France consolide sa place économique au niveau européen et mondial, qu'elle consolide le leadership qu'elle partage avec l'Allemagne pour la conduite de la zone euro, qu'elle consolide une influence incontestable dans l'Europe des 27.

M. Hollande est revenu de Bruxelles la semaine dernière avec le sentiment du devoir accompli : nous n'allions plus voir de solutions imposées comme à l'époque du couple Merkel-Sarkozy. Mais croit-il seulement qu'en réduisant le pouvoir dont il disposait et qu'avait patiemment construit Nicolas Sarkozy, les pays qui le subissaient vont lui en être reconnaissants ? Jamais !

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