Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames et messieurs les députés, tout d'abord permettez-moi de vous dire le plaisir que j'ai d'être ici, aux côtés de mon collègue Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale, pour défendre cet article 6 du projet de loi, concernant l'éducation artistique et culturelle.
En effet, cet l'6 introduit une grande innovation : les parcours d'éducation artistique et culturelle, parcours qui contribueront non seulement à l'épanouissement intellectuel et à l'éveil de l'esprit critique des élèves, mais aussi à la lutte contre les inégalités de naissance et de territoire.
À ce propos, je rappelle qu'une attention toute particulière sera portée non seulement aux zones urbaines les plus difficiles, à nos quartiers, mais aussi aux zones rurales. Trop souvent, on oublie que celles-ci sont plus éloignées encore des établissements et pratiques culturelles que certaines zones urbaines où existe une tradition associative très forte dans ce domaine.
Évidemment, ce parcours d'éducation artistique et culturelle s'inscrit pleinement dans ce qui existe aujourd'hui en matière d'enseignement artistique. En aucune manière, l'éducation artistique et culturelle ne vient balayer les enseignements artistiques qui existent en matière d'arts plastiques ou de musique. Ce sont bien des compléments, des enrichissements du processus de formation des élèves, qui leur permettront d'aborder les épreuves d'histoire des arts qui interviennent en classe de troisième, au brevet des collèges, avec une plus grande solidité et davantage de compétence.
Ces parcours d'éducation artistique et culturelle se feront dans le plus grand respect de l'autonomie et de la spécificité de chacun des territoires. C'est la raison pour laquelle, dès le début de cette réflexion, j'ai associé le Haut conseil des collectivités territoriales pour le développement culturel, dont vous faites partie, madame Genevard. C'est bien à partir des collectivités, à partir de leur expérience concrète, que nous pourrons généraliser et donner à tous les enfants de France l'accès à des parcours d'éducation artistique et culturelle.
L'idée est bien de partir de ce qui existe. Prenons les exemples, parmi des dizaines, d'Aurillac, ville spécialisée dans les spectacles de rue, de Marciac pour le jazz ou de Saint-Étienne, où j'étais hier, pour le design. Ces collectivités ont une compétence et il est naturel qu'elles orientent leurs établissements d'enseignement vers les professionnels de la culture. C'est la porte d'entrée, d'une certaine manière, à l'ensemble des pratiques de la culture.
Avec Vincent Peillon nous avons travaillé à partir de deux concertations, celle sur la refondation de l'école, et la consultation présidée par Marie Desplechin sur l'éducation artistique et culturelle, Nicole Belloubet étant chargée de l'interface entre les deux groupes.
Nous pouvons tous nous réjouir de l'intégration des parcours d'éducation artistique et culturelle dans le socle de ce qui doit être offert à chacun de nos enfants. Encore une fois, c'est une manière de lutter contre les inégalités, mais c'est aussi un grand ferment de citoyenneté pour les élèves. On sait que l'apprentissage de pratiques artistiques et de l'histoire des arts, que le contact avec les artistes et avec les oeuvres donnent aux élèves parfois en rupture ou en échec scolaire davantage de confiance en eux-mêmes, renforce leur respect pour leurs camarades, leur confère un autre regard sur l'école et peut les amener, parfois, à reprendre confiance dans la manière dont ils abordent les enseignements plus traditionnels.
Ce parcours d'éducation artistique est donc non seulement bon en soi, parce qu'il correspond à cet idéal d'émancipation, mais aussi parce qu'il s'inscrit pleinement dans notre désir de lutter contre l'échec scolaire et contre les inégalités qui frappent encore trop souvent les enfants des différents territoires de France. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste, GDR et RRDP.)