Intervention de Vincent Peillon

Séance en hémicycle du 15 mars 2013 à 15h00
Refondation de l'école de la république — Article 9, amendement 1482

Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale :

J'ai présenté cet amendement, tout à l'heure.

Je salue le fait que les amendements aient été retirés, et je veux vous dire quel est notre état d'esprit à ce sujet.

J'ai reçu le professeur de Bordeaux auquel il a été fait allusion. Il m'a expliqué que la réalité était assez différente du traitement médiatique qui en a été fait. Il est allé dire lui-même dans quelques médias que les faits n'étaient pas aussi simples que ceux qui s'en sont emparés le faisaient croire. Je le dis ici parce que je sais qu'il le souhaite ; je reste en contact avec lui.

Sa préoccupation était la pédagogie de la laïcité. Nos enseignants rencontrent en effet de très grandes difficultés, sur le plan théorique – vous savez que je tiens beaucoup à ce que le sujet soit traité dans les écoles supérieures –, mais également sur le plan pratique : comment enseigner cette notion ?

Mon prédécesseur avait demandé qu'un travail soit conduit sur ce sujet – il l'a été sous la responsabilité du philosophe M. Bidar – et nous l'avons poursuivi. Un ouvrage, Pour une pédagogie de la laïcité, a récemment été publié, ce qui est une bonne chose. Nous devons en effet donner aux professeurs des instruments pour qu'ils soient capables de défendre ces valeurs dont nous avons parlé à plusieurs reprises et qui sont celles de l'instruction obligatoire.

Ce qui relève de notre mission, c'est l'instruction obligatoire. Mais l'instruction en elle-même porte un projet éducatif. Nous devons faire attention à ce qu'il ne soit pas atteint par les uns et par les autres et je suis heureux de ce consensus de l'Assemblée.

1 commentaire :

Le 26/12/2014 à 11:31, laïc a dit :

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"Sa préoccupation était la pédagogie de la laïcité. Nos enseignants rencontrent en effet de très grandes difficultés, sur le plan théorique "

ça je veux bien le croire, c'est très embrouillé dans leurs têtes depuis qu'ils n'arrivent plus à analyser la phrase "sans distinction de religion"...

"Sans distinguer la religion", cela signifie-t-il 1 - qu'il est impossible pour l'enseignant de la distinguer, donc que le signe religieux doit disparaître, seule manière de ne pas voir ce signe religieux, et donc la religion ?

Ou bien, "sans distinguer la religion" signifie-t-il 2 - que le signe religieux peut exister, mais que l'enseignant doit faire en sorte de ne pas le voir même s'il est visible ? (c'est à dire l'ignorer malgré sa visibilité ?)

La paralèlle mis en avant dans la constitution de la religion avec la race, "sans distinguer la race", laisse penser que c'est bien la solution 2 qui est la bonne, sinon les gens dont on pourrait distinguer la race en fonction de la couleur de la peau seraient immanquablement exclus de l'école en fonction du sens 1, car la seule possibilité matérielle de ne pas repérer leur "race" serait une dissimulation complète du corps, comme les gens atteints de la maladie du soleil et qui ne peuvent sortir que complètement camouflés. Cette pratique étant bien évidemment inenvisageable, c'est bien le sens 2 qui est valable, et les signes religieux peuvent donc apparaître en toute légalité dans les écoles.

Pour les cantines, la non prise en compte de la religion doit encore être appliquée : peu importe la visibilité de la religion de l'élève, s'il y a visibilité (puisque la visibiulité religieuse est actuellement interdite dans les écoles), tout le monde doit manger le même menu, sans qu'il soit possible de s'arrêter aux préférences religieuses des élèves, ou de leurs parents, car l'Etat ignore les revendications religieuses, comme il doit ignorer les signes d'appartenance religieuse.

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