Intervention de Vincent Peillon

Séance en hémicycle du 15 mars 2013 à 15h00
Refondation de l'école de la république — Article 20, amendements 440 1266

Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale :

Le débat a eu lieu, monsieur Hetzel, et longuement. Je vous ai expliqué à plusieurs reprises notre point de vue, qui est d'ailleurs partagé y compris par l'ancien président du Haut conseil et beaucoup de ses membres : c'est qu'il n'est pas bon de mélanger la prescription et l'évaluation. C'est pourtant facile à comprendre ! Et avec une culture aussi démocratique et libérale que la vôtre, on devrait mesurer à quel point il s'agit d'un progrès.

Nous avons donc décidé, après consultation, de distinguer ces deux missions. Par ailleurs, à plusieurs reprises dans ce débat parlementaire et encore aujourd'hui à propos du socle commun de compétences, de connaissances et de culture, nous avons pu mesurer le travail qui nous attend concernant l'articulation entre le socle, les programmes, l'évaluation des élèves et la formation des professeurs, car tout cela a un lien… C'est un travail considérable. Le Conseil supérieur des programmes mobilisera d'ailleurs, vous vous étiez interrogé hier et je n'ai pas eu l'occasion de vous donner cette précision, évidemment aussi les compétences de notre Inspection générale.

La deuxième mission, c'est l'évaluation du système éducatif, qui suppose indépendance, professionnalisme et moyens. Vous savez d'ailleurs qu'il ne s'agit pas du même type d'évaluation que celui de l'Inspection générale. D'où un second conseil.

Pour ce qui est du Conseil supérieur des programmes, chacun doit mesurer, je vous l'ai dit hier, la responsabilité des ministres – du ministère, de cette institution qui va très au-delà des hommes qui la dirigent pour un temps donné, souvent d'ailleurs un peu bref dans ce pays. Il y a toutefois une certaine continuité de vision entre eux – et il leur arrive de commettre des erreurs, comme de supprimer le Conseil supérieur des programmes : tout le monde aujourd'hui considère qu'il faut en remettre un en place.

Ce Conseil supérieur des programmes, placé auprès du ministre, doit comprendre un maximum de personnalités qualifiées, à la fois des praticiens et des universitaires. Imaginez le travail que nous aurons ! Il était tout à l'heure question de Ferdinand Buisson : c'est le modèle de la grande époque où l'on faisait collaborer les meilleurs producteurs du savoir dans le pays, les professeurs au Collège de France, les membres de l'Institut, les grands universitaires et les praticiens de terrain. Cela a permis de constituer, parfois de sanctuariser des programmes qui ont duré, dans l'intérêt des élèves. C'est ce que nous allons tenter de refaire.

Il m'a semblé utile, du fait même de l'idée de socle, de cette idée que la nation doit partager une vision commune de ce qu'elle donne à chacun de ses enfants, que les parlementaires, qui représentent l'intérêt général, soient présents dans cette instance. Mais pour le reste, elle est affaire de compétences spécifiques. Je regrette la confusion qui est introduite dans ce débat : on voudrait intégrer au Conseil supérieur des programmes le Conseil supérieur de l'éducation ! Chaque syndicat, chaque association, les parents d'élèves viendraient écrire les programmes ! Non, je pense que nous avons raison de faire que le Conseil supérieur des programmes – sous le regard bien entendu des parlementaires, qui représentent la volonté générale, la souveraineté populaire – soit l'affaire de gens qui se consacrent d'abord au sujet : constituer les progressions, les programmes, les cycles, être capables d'organiser les évaluations, définir le socle… Évitons des surenchères permanentes.

Sur ce point, je vous demande un peu de sagesse. Nous sommes au noeud de ce que nous partageons, c'est-à-dire la volonté de faire du socle, des cycles, de la réussite des élèves une réalité. Vous avez voulu, à partir de l'une de mes maladresses coutumières, faire un incident mais sur ce sujet, nous sommes très au-delà des visions partisanes ! Il s'agit de nos conceptions, qui doivent redevenir tout à fait rigoureuses, des compétences, des savoirs et de la culture que nous voulons donner aux élèves.

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