Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.
Dans un article paru vendredi dernier, monsieur le ministre, vous vous rendez enfin à l'évidence : vous dénoncez le fait que la majorité des Roms ne souhaite pas s'intégrer dans notre pays, déplorant leur organisation en réseaux mafieux. Je n'exploite pas le sujet, monsieur le ministre, je rejoins votre constat. Car vous avez raison : ces réseaux délinquants prospèrent grâce aux faux mendiants, à la prostitution, aux bandes d'enfants pickpockets, aux jeux illégaux, aux cambriolages ou aux vols de métaux. Ils bénéficient d'ailleurs la plupart du temps d'une immunité pénale.
Vous reconnaissez qu'une partie des Roms a vocation à retourner dans leurs pays d'origine, tout en évoquant la nécessité, pour les autres, de programmes d'intégration. Pouvez-vous nous préciser quels seront les critères pour choisir l'une ou l'autre de ces voies et quelles seront leurs proportions respectives ?
Par ailleurs, la Roumanie et la Bulgarie s'apprêtent à entrer dans l'espace Schengen, ce qui supprimera définitivement le peu de restrictions, et déjà inappliquées, à la circulation des Roms. Vous devriez, en toute logique, vous y opposer fermement. Est-ce le cas ?
La France n'a pas les moyens de les accueillir décemment, de leur fournir un emploi, de les reloger, de les nourrir et de les soigner. Comment ferons-nous face lorsqu'ils arriveront demain par dizaines de milliers, en toute légalité ?
Les politiques font l'autruche, les préfets sont impuissants, les expulsions inefficaces, les camps déplacés pour être soustraits à la vue de tous mais les faits sont là.
Face aux millions consacrés à l'insertion, est-il aussi permis dans ce pays de s'indigner pour le Français moyen avec ses deux enfants qui n'a rien d'autre que son SMIC, lui, pour joindre les deux bouts ? Lui, le grand oublié des élites françaises, qui aimerait bien aussi être relogé, avoir des loyers payés par la collectivité et se voir fournir des bons alimentaires ?
Comme écrivait Rousseau, tel philosophe aime les Tartares pour se dispenser d'aimer ses voisins. Alors, monsieur Valls, allez-vous faire mentir Rousseau au profit de Montaigne, qui disait que c'est une bien belle chose lorsque le dire et le faire vont ensemble ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe UMP. – Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)