Intervention de Jean Lassalle

Séance en hémicycle du 19 mars 2013 à 15h00
Débat sur le rapport annuel de la cour des comptes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

D'abord, je voudrais m'excuser du caractère un peu choquant que pourraient avoir certains de mes propos. Mon but n'est pas du tout de choquer.

Ce n'est pas sur le fond que je veux intervenir. Le travail de la Cour des comptes est tellement fouillé et sérieux qu'il n'y a rien à dire. J'ai le privilège de vous connaître depuis de très nombreuses années, monsieur le Premier président.

Notre pays est gravement fracturé, et l'idée même de nation est aux acquêts, le pouvoir politique disqualifié. On peut même se demander s'il y aura une possibilité d'alternance le moment venu s'il n'y a pas de relance. L'administration terrorise le citoyen, avec les petites musiques qui durent à l'infini. Vous savez quel accueil on peut recevoir après avoir avancé dans une longue file devant Pôle emploi. En même temps, les profits des grands groupes sont largement étalés, les plans sociaux tombent comme à Gravelotte et, au fond, la Cour des comptes apparaît comme le dernier refuge. Votre prédécesseur, que j'aimais beaucoup aussi, malheureusement trop vite disparu, est d'ailleurs devenu un mythe national.

Vous savez comme moi quel effet peut avoir le flash des infos en ligne. C'est toutes les cinq minutes un coup de feu qui crépite à l'oreille des plus faibles dans notre société et je me demande si, au fond, dans une période de grande crise, ce n'est pas notre manière d'agir qu'il faudrait changer. Ne pourrait-on pas penser un peu à l'unité nationale ?

Lorsque l'on parle du logement de Guéret sur deux lignes dans la presse, cela me fait très mal, et je pense que cela fait très mal aussi à celui qui est sur une longue liste d'attente en banlieue. Les sous-préfectures, la réserve parlementaire, je ne choisis que trois sujets d'actualité depuis hier soir.

Je me demande si, au fond, cela contribue à l'unité nationale, si la République a pour objet d'accompagner le mouvement ou, au contraire, d'essayer de redresser la situation et de donner une autre voie.

Une chose est certaine…

Vous souhaitez que je termine, monsieur le président, mais vous avez laissé certains d'entre nous parler quatre minutes et je ne serai pas toujours aussi long.

Ce à quoi ont conduit nos politiques, c'est que les banlieues brûlent et que les bandits de grand chemin sont sur le point de revenir dans nos campagnes. La Cour ne pourrait-elle pas, comme la chambre régionale des comptes, peut-être avec un peu moins de bruit, accompagner davantage l'acteur pour essayer de trouver des solutions, plutôt que de donner le sentiment d'effrayer davantage ?

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