…je voudrais d'abord vous dire que j'ai lu avec beaucoup d'intérêt votre rapport. Les observations rapides que je vais faire s'inscrivent dans un esprit de discussion et non pas de contestation systématique, parce que j'ai apprécié votre travail.
La question de la surpopulation carcérale remonte à bien plus de trente ans. Antonin Besson évoquait déjà cette question dans Le Mythe de la justice, ouvrage que vous connaissez. C'est l'époque où est apparue la défense sociale, avec De Greeff : on nous expliquait alors qu'il fallait trouver une solution à la question des prisons. C'est dire si tout cela ne date pas d'aujourd'hui !
Ce qui est en revanche un peu nouveau, c'est l'apparition d'une certaine forme de culture que je ne définirai pas comme le refus de punir : ce serait vous faire injure que de prétendre que vous êtes des hommes et des femmes refusant de punir, ce que d'ailleurs je ne pense pas. Reste qu'il y a toute cette culture, qui remonte peut-être à François Villon – « Frères humains qui après nous vivez, n'ayez les coeurs contre nous endurcis » –, qui veut que l'on s'intéresse plus à l'assassin qu'à la victime. Je ne le dis pas pour critiquer d'un point de vue humain cette position, mais parce que c'est une caractéristique culturelle et sociologique de votre mouvement de pensée.