Intervention de Monique Orphé

Réunion du 19 mars 2013 à 21h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMonique Orphé :

Je voudrais à mon tour vous féliciter, madame la rapporteure, de votre travail, qui nous permet d'examiner sans tarder une proposition de loi qui avait déjà été présentée par Victorin Lurel lorsqu'il était député. Comme vous l'avez rappelé, ce texte traduit l'engagement n° 11 pour l'outre-mer du candidat François Hollande de soutenir l'interdiction des différences de teneur en sucres entre les mêmes produits vendus dans l'Hexagone et dans les outre-mer.

Nous savons que l'alimentation et l'activité physique sont deux déterminants majeurs de la santé. Par ailleurs, même si certains experts contestent l'incidence de la situation sociale sur l'état de santé, il est avéré qu'une personne dont les conditions de vie sont précaires aura tendance à négliger sa santé. Or, en dépit des progrès sanitaires dus à la départementalisation, la précarité demeure plus grande en outre-mer que dans l'Hexagone. Ainsi près de la moitié de la population de la Réunion vit au-dessous du seuil de pauvreté, soit avec moins de 800 euros par mois.

Depuis 1946, les habitudes alimentaires ont été bouleversées, ce qui expose nos populations, notamment les jeunes et les femmes, à des pathologies liées à l'obésité, telles que le diabète et les maladies cardiovasculaires. Entre 2000 et 2011, le taux de prévalence du diabète en outre-mer a été deux fois supérieur au taux national. Fait particulièrement notable, à l'inverse de la métropole, le diabète à la Réunion et dans les régions d'outre-mer de façon générale se caractérise par un surrisque féminin. Si on se reporte à l'indice de développement humain, la Réunion accuse un retard de vingt-cinq ans sur la métropole, la Guyane, la Martinique et la Guadeloupe accusant, quant à elles, un retard de douze à treize ans. En vingt ans, l'espérance de vie a augmenté de dix ans en Guyane et de six ans dans les autres départements français d'Amérique. La Réunion apparaît en retrait, avec un gain d'une année de vie supplémentaire entre 1990 et 2011, soit cinq fois moins qu'en France métropolitaine.

Cette proposition de loi a donc deux vertus. Elle vise à mettre fin à une des trop nombreuses inégalités qui existent entre nos territoires et ceux de l'Hexagone. Tous les députés qui ont débattu de ce texte sous l'ancienne mandature s'accordaient pour juger incompréhensibles et injustifiées ces différences de taux de sucre, s'agissant notamment de certains produits laitiers et des boissons rafraîchissantes sans alcool. À titre d'exemple les sodas vendus à la Réunion contiennent 12 % de sucre de plus qu'en métropole, les boissons gazeuses aux fruits 20 % et les tonics 28 %. Un yaourt aux fruits contient 15 % de sucre en plus et un yaourt aromatisé 8 %. Les industriels justifient ces différences par une prétendue appétence particulière pour les produits sucrés qui caractériserait la culture ultramarine, et estiment que leur rôle consiste « à donner du plaisir, pas à étancher la soif », au détriment de la santé.

Ce texte a également le mérite de faire avancer la résolution d'un problème de santé publique qui mine les sociétés ultramarines : la prévalence du diabète et de l'obésité.

Pour toutes ces raisons, il est nécessaire que ce texte reçoive l'adhésion de tous les députés.

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