…et je voudras, loin des discours théoriques et idéologiques, vous faire part de mon expérience de terrain et des conséquences que la politique que vous voulez mener aura sur le quotidien des habitants de ma commune. En effet, je crains que ce ne soient les communes les plus vertueuses, celles qui se sont engagées depuis dix à quinze ans dans une politique de la ville volontariste et qui commencent à recueillir les fruits du travail engagé, qui en pâtissent, une fois encore pénalisées par les critères que vous adopterez pour satisfaire votre voeu de sélection drastique.
Quand j'ai pris les rênes de Villiers-sur-Marne, cette ville était une ville-dortoir, morose, avec une cité sensible où le taux de chômage avait explosé, où la délinquance régnait, où aucune politique de cohésion sociale n'existait. J'ai mené, depuis, une politique de redynamisation sans faille, au coeur de laquelle était la réalisation de l'ESCALE – espace socioculturel et d'aide à l'emploi –, la « cathédrale du respect humain », disait Jean-Louis Borloo en l'inaugurant en 2006, et qui est aujourd'hui notre navire amiral pour l'insertion, la réinsertion, l'intégration et la prévention de la délinquance. Quarante agents territoriaux, payés par la commune, et soixante-dix associations y accueillent chaque semaine quelque 3 500 personnes en difficulté. Il y a aussi le grand projet ANRU de réhabilitation de la cité, actuellement engagé, et dernièrement l'obtention d'une gare du Grand Paris. Je me suis battu pour obtenir les subventions nécessaires à la réalisation de ces projets. Si j'ai fait tout cela, ce n'est évidemment pas pour mon bon plaisir. Si j'ai engagé cette politique, endetté la commune et couru après les financements, c'est bien pour nos familles les plus défavorisées, pour nos enfants, pour leur avenir, pour recréer de la cohésion sociale, un bien-être de vie ensemble, et ainsi valoriser la commune et ses habitants. Derrière ces actions et la politique que je mène, il y a bien sûr des enjeux républicains forts qui ont des conséquences directes sur les destins de plusieurs dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants.
Mais depuis trois ou quatre ans, les dotations que nous percevons au titre de la politique de ville et de la rénovation urbaine ont diminué de 30 %.