Cette proposition de loi montre surtout que l'on ne se pose pas la question de l'Europe. Si les gens ne vont pas voter à l'élection européenne, ce n'est pas parce qu'ils ne connaissent pas les candidats : c'est parce que nous, les politiques, nous n'avons jamais fait de pédagogie sur ce sujet. Croyons-nous vraiment à l'Europe ?
Et n'allons pas imaginer que les députés européens seront mieux connus s'ils sont élus dans une circonscription unique ! Soyons clairs : on y retrouvera beaucoup de gens qui n'ont pas pu se faire élire ou réélire à la députation nationale.
Gardons-nous donc de poser la question du mode de scrutin quand il conviendrait de poser des questions majeures, d'autant que, dans les prochaines années, les députés européens joueront un rôle éminent. C'est à l'évidence le mode actuel qui défend le mieux la proximité.
Enfin, mieux vaudrait éviter de mettre la parité en avant chaque fois que l'on évoque un mode de scrutin. Je défends la parité de longue date et je sais que les femmes qui sont en place au Parlement européen sont également en capacité de s'y maintenir sans avoir besoin de cet argument. Il est logique qu'il y ait plus de femmes élues dans les scrutins de liste. En dépit de l'argument classique sur la plus forte proportion d'hommes en tête de liste, 47 % des élus français au Parlement européen sont des femmes, contre 37 ou 38 % pour l'ensemble des eurodéputés. La parité ne doit pas être utilisée comme un gadget pour faire passer tel ou tel mode de scrutin !
Aucun de vos arguments en faveur de ce texte ne me convainc donc, monsieur le rapporteur, qu'il s'agisse de la proximité, des progrès d'une conscience européenne ou de la parité.