Le Parlement européen n'intéresse personne. Pour que les médias en parlent, il faut qu'ait lieu un accrochage spectaculaire – si Daniel Cohn-Bendit est impliqué, c'est encore mieux – ou qu'on y traite d'un problème de vie quotidienne qui mobilise l'opinion publique.
À l'instar des conseillers régionaux, les parlementaires européens restent donc pour leurs propres électeurs d'illustres inconnus. Toutes les élections au scrutin proportionnel, qui dilue la représentation des territoires et des citoyens ainsi que la responsabilité des élus, ont cet effet.
Les circonscriptions découpées en 2003 sont sans doute un peu « baroques » ; elles présentent tout de même l'avantage de rapprocher quelque peu les parlementaires européens de leurs électeurs. Je constate ainsi que dans la grande circonscription Ouest qui réunit sans cohérence particulière les régions Poitou-Charentes, Pays-de-Loire et Bretagne, les élus européens de tous bords font leur travail sur le terrain : ils rencontrent la population, publient des lettres d'information, s'expriment dans les universités ou les chambres de commerce. Ils font tout leur possible pour incarner un territoire et pour donner un visage à l'Europe. La situation n'est certes pas parfaite, mais elle s'est améliorée par rapport à l'époque de la circonscription nationale unique.
D'autre part, l'élection sur des listes nationales favoriserait arithmétiquement la progression des extrêmes, Front national et extrême gauche. Pour ma part, j'estime que ce n'est pas souhaitable.
Pour ces deux raisons, je suis hostile à la proposition de loi et donc favorable au maintien du mode de scrutin actuel, quelles que soient ses imperfections.