Sous la signature de l'actuel président de la République, du Premier ministre et du président du groupe socialiste de l'Assemblée, on peut lire dans la motion de censure déposée le 13 février 2003 que le texte réformant les modes de scrutin régional et européen constitue « une loi inique qui impose la prépondérance du bipartisme et nie par là même la diversité politique de notre pays ». Qu'est-ce qui a changé depuis cette date ? Quels arguments forts conduisent à modifier cette appréciation ? Je n'en ai pas entendu.
Abandonnons toute langue de bois et osons dire que les centristes ne veulent pas de François Bayrou et s'accordent pour éviter de lui donner une tribune, que la droite ne veut pas de Marine Le Pen et qu'elle craint qu'elle ne devance Jean-François Copé, et que la gauche a peur de Jean-Luc Mélenchon !
La réforme de 2003 visait à lutter contre l'abstention et à rapprocher les députés européens de leurs électeurs. Mais les faits sont têtus : l'abstention a progressé et on peut difficilement prétendre que cette évolution n'a aucun lien avec l'existence de huit circonscriptions qui ne correspondent à rien. Quant à la proximité entre les députés européens et leurs électeurs, un sondage montrerait qui, du député national et du député européen, est plus connu des électeurs. On constaterait que la création des huit régions n'a nullement favorisé le rapprochement entre l'élu européen et les habitants de sa circonscription.
Posons plutôt la question essentielle : est-il plus efficace de tenir un véritable débat européen dans huit circonscriptions ou dans une seule ? Pouvons-nous traiter de l'Europe, de ses institutions, de ses capacités de relance économique et du désamour dont elle souffre en organisant huit débats parcellaires ? La réponse est évidemment négative. Européen convaincu, membre du parti de Maurice Faure, signataire du traité de Rome, je ne crois qu'à un débat national pour défendre la politique européenne du président de la République et la vision que les radicaux de gauche ont de l'Europe. Ce débat, les grands partis le refusent ; je le regrette.