Intervention de Régis Réau

Réunion du 13 février 2013 à 19h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Régis Réau, directeur de l'Institut de chimie, INC :

Une définition du siècle dernier de la chimie dit que c'est l'art de transformer la matière. Les domaines concernés sont nombreux : les synthèses organiques, inorganiques ou supramoléculaires, l'utilisation des ressources naturelles pour préparer des médicaments, des produits sanitaires, des matériaux (verres, colles…) ou encore des polymères.

Une deuxième finalité de la chimie est de mieux comprendre la matière : on utilise la théorie, la spectroscopie, la physicochimie, la mécanique, pour comprendre les structures et les propriétés des substances. La chimie est ainsi présente dans le champ des nouvelles technologies avec les matériaux avancés : composites, plastiques « semi-conducteurs », nanomatériaux… La chimie participe également aux débats sur les grands enjeux sociétaux, relevant par nature de l'interdisciplinarité, par ses contributions à la santé, à l'énergie, à l'environnement, au patrimoine et à la « chimie verte » (procédés respectueux de l'environnement).

La chimie est une science mais aussi une industrie. À cet égard, la France est au 5e rang mondial avec 3 350 entreprises (94 % de TPE – PME), 156 500 salariés, 86,7 milliards d'euros de chiffre d'affaire et 53,7 milliards d'euros à l'exportation. Notre institut a 148 laboratoires dont 19 avec l'industrie, 5 100 enseignants et chercheurs dont 1 655 du CNRS et 2 600 ingénieurs et techniciens dont 1 500 du CNRS.

Je prendrai un exemple comportant un enjeu de société et montrant le rôle et la contribution du CNRS : le stockage électrochimique de l'énergie. C'est aujourd'hui un défi scientifique et technologique, car, le monde de mobilités où nous vivons rend indispensable la fabrication de batteries (voitures, portables…). Il faut notamment résoudre le problème de l'adaptabilité de l'offre et de la demande d'électricité, très important dans le cadre du nouveau bouquet énergétique. Notre centre d'Amiens, leader mondial, a été chargé de mettre en réseau (RS2E) toutes les compétences : laboratoires, plateformes, industriels.

Un autre exemple montrant le rôle du CNRS dans la recherche fondamentale en chimie : nos travaux pour acquérir une meilleure connaissance du fonctionnement des super-condensateurs, en vue d'optimiser leurs performances.

Nous mettons l'accent cette année sur la catalyse. À partir de l'éthylène (gaz), la catalyse permet de fabriquer des polyéthylènes (solides), qui servent par exemple d'emballage ; on en assure une production de masse depuis les années 70 (150 millions de tonnes par an). Nous essayons de diversifier les approvisionnements en remplaçant le pétrole par de la biomasse ; après catalyse, les polymères produits sont biodégradables. Notre objectif en 2013 est de faire collaborer les laboratoires internationaux et les centres d'excellence, pour créer des laboratoires « sans mur ». Nous nous efforçons ainsi de trouver de nouveaux catalyseurs moins chers et de valoriser la biomasse.

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