Les défis et développement en cours de l'INP ont trait aux nanosciences (mécanique, optique, électronique, avec le champ nouveau de l'étude des effets quantiques mésoscopiques), aux matériaux (notamment les matériaux 2D comme le graphène), à la théorie (systèmes hors équilibre, événements rares, modélisation multi-échelle) et à l'instrumentation (capteurs micro et nano, grands instruments comme les lasers et neutrons, phénomènes ultrarapides).
Mon premier exemple est l'électrodynamique quantique de cavité, avec Serge Haroche, prix Nobel 2012. Il s'agit en isolant un photon unique et un atome unique de comprendre le monde quantique, avec tous ses concepts propres : superposition, intrication, complémentarité, décohérence et mesures quantiques idéales. Les découvertes en ce domaine permettent la création d'horloges de plus en plus précises, et ouvrent des perspectives lointaines pour la gestion de l'information quantique.
Le deuxième exemple est le graphène, découvert en 2004, et soutenu au niveau européen en tant que technologie « Flagship ». Ses propriétés sont phénoménales : plus conducteur que le cuivre, plus résistant que l'acier et complètement transparent. En 2008, le prix Nobel a été attribué à Geim et Novoselov pour leurs recherches en la matière. En 2012, à l'échelle mondiale, 4 000 brevets par an sont déposés sur ce matériau (dont seulement 150 en Europe) et 3 ou 4 jeunes pousses (start-up) sont créées par semaine. Le projet européen mobilise un financement d'un milliard d'euros ; la France en est le premier partenaire, avec une contribution à hauteur de 80 % du CNRS.
Je conclurai en disant que la curiosité est un moteur de recherche et d'innovation.