Monsieur Pepy, le groupe RRDP soutient sans ambiguïté votre candidature à un deuxième mandat à la tête d'une entreprise dans laquelle vous travaillez depuis une vingtaine d'années et dont vous avez vécu de l'intérieur les transformations structurelles. Vous avez opté pour une stratégie de croissance qui a permis au groupe de se positionner sur toute la chaîne de mobilité. Entre 2007 et 2012, votre chiffre d'affaires a progressé de 44 %, et près d'un quart est réalisé à l'international, contre 15 % en 2007. Ces résultats peuvent être une source de satisfaction pour le chef d'entreprise que vous êtes, mais les problèmes récurrents que rencontrent trop d'usagers ne traduisent-ils pas, dans le même temps, une dégradation du service que la SNCF doit offrir ? Vous avez parlé d'enjeux multiples ; je considère pour ma part que l'enjeu prioritaire est l'amélioration du quotidien de milliers de personnes, notamment celles qui empruntent les lignes Château-Thierry-Paris ou Villers-Cotterêts-Paris.
Vous présentant à votre propre succession, vous vous fixez comme priorité d'améliorer la productivité et la rentabilité de la SNCF, avec un objectif de marge opérationnelle de 10 % et le recul de la dette, que vous entendez ramener à 6 milliards d'euros. Ces objectifs sont-ils compatibles avec la nécessaire amélioration de la qualité des services offerts par la SNCF et avec la modernisation des lignes infrarégionales ?
S'agissant du développement du fret ferroviaire et de la régulation sociale, un long chemin reste à parcourir pour parvenir à une harmonisation européenne. Le Parlement européen réclame une concurrence équitable et pour cela l'harmonisation du cadre social des transporteurs routiers et des cheminots. Comment favoriser le dialogue social européen dans les deux secteurs ? Comment lutterez-vous contre le dumping social qui provoque une concurrence entre statuts sociaux au lieu d'une concurrence plus saine entre innovations, projets, sécurité et fiabilité ? Enfin, comment répondrez-vous au défi que représente l'ouverture totale à la concurrence du marché ferroviaire prévue pour 2019 tout en améliorant la qualité du transport des voyageurs sur les lignes françaises ? La tâche qui vous attend est immense ; je vous souhaite donc bon courage pour la suite de votre ouvrage.