Intervention de Cécile Tharaud

Réunion du 19 février 2013 à 11h45
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Cécile Tharaud, présidente du Directoire d'Inserm Transfert :

Je vais m'efforcer de décrire de façon assez concrète les activités d'Inserm Transfert, notamment depuis que l'Inserm lui a délégué sa mission de valorisation en 2006.

Je rappelle que la demande de santé est croissante en raison de nombreux facteurs et engendre de nouvelles questions scientifiques, technologiques, qui conduisent à une évolution permanente de la médecine. L'épidémiologie et la santé publique s'invitent désormais dans le champ de l'innovation.

Voici bien longtemps que l'industrie n'est plus autosuffisante en matière d'innovation. D'une part, la sophistication technologique exige la mise en place de « réseaux innovants » internationaux, dont la complexité et le coût sont toujours plus élevés. D'autre part, le développement d'un produit thérapeutique mobilise de nouvelles compétences, comme la segmentation des populations cibles, ainsi que des moyens de plus en plus importants, justifiés par l'allongement des temps de développement, l'augmentation du coût moyen par molécule développée et l'augmentation des taux d'attrition.

Ainsi, depuis une dizaine d'années, le taux d'attrition au début de la phase clinique est d'environ 20 %, et la probabilité, à ce stade, d'un futur lancement commercial est tombée à 10 %. Quant aux coûts de développement, ils ont été multipliés par 38 depuis les années 70.

Aujourd'hui, l'innovation pharmaceutique subit un effet de ciseau : les dépenses en R&D sont de plus en plus élevées alors que l'approbation de nouveaux médicaments ne cesse de diminuer.

Les paradigmes du développement de produit ont changé : là où autrefois celui-ci était relativement linéaire, il est aujourd'hui en lien direct avec la recherche académique. En effet, l'absence d'autosuffisance de l'industrie en matière d'innovation bouscule le modèle économique de la filière santé. On assiste à une chute du nombre des brevets et une montée en puissance des produits génériques. L'articulation entre grands groupes et petites entreprises de biotechnologies devient indispensable. Le maintien du portefeuille de découvertes dépend de la proximité avec la recherche académique.

Inserm Transfert s'est doté d'une organisation qui lui permet de s'adapter à cette nouvelle manière qu'ont les industries de la santé de développer leurs produits.

Le transfert de technologie, que l'on appelle maintenant transfert de connaissance, a vraiment pour objectif de créer des partenariats se poursuivant tout au long du processus de mise au point, de la découverte jusqu'à la vérification de la conformité aux précautions d'usage, en passant par l'analyse de la pertinence au regard des défis sanitaire et des défis économiques.

La mission d'Inserm Transfert consiste à valider les technologies à forts potentiels et à partager les risques avec les porteurs de projet, tout en rapprochant les savoir-faire public et privé pour susciter des programmes communs de recherche et développement.

Nous cherchons donc à être au service de l'innovation et des chercheurs en inscrivant notre action dans des réseaux nationaux et internationaux de recherche, innovation, industrie et investissement, mais aussi à renforcer notre expertise sectorielle en recrutant des collaborateurs qui ont une expérience dans le privé, et en nous appuyant sur une gouvernance mixte où se côtoient grands groupes, PME et investisseurs.

Nous souhaitons développer une expertise forte en propriété intellectuelle : nos équipes comportent neuf professionnels de la gestion de brevets, dont cinq mandataires auprès de l'Office Européen des Brevets. Nous gérons un portefeuille de brevets assez jeunes, d'environ quatre ans, et le nombre annuel de déclarations d'inventions, recueillies en allant sur les paillasses, directement au contact des chercheurs, a triplé en cinq ans.

Nous nous efforçons d'anticiper la demande industrielle et les évolutions stratégiques des marchés de santé en France, en Europe et dans le monde. Inserm Transfert cartographie donc l'offre académique et provoque la rencontre entre chercheurs académiques et industriels.

Cette stratégie nous a permis de monter et gérer des partenariats ambitieux et des réseaux de recherche internationaux générateurs d'innovation et ainsi d'augmenter notre chiffre d'affaire de 150 % depuis l'année 2008.

Nous avons ainsi créé de l'innovation dite « ouverte », basée sur le partage et la coopération entre l'entreprise partenariat et le chercheur académique, sur une période de trois à cinq ans. Même si un peu plus de la moitié de nos contrats sont surtout signés avec des groupes industriels, la part des start-ups ou des PME est significative.

Nous essayons de créer et renforcer les liens de filières industrielles en inscrivant l'entrepreneuriat associé à l'innovation dans des réseaux partenaires, qui renforcent l'accompagnement des chercheurs.

Les institutions de santé qui travaillent dans le secteur de l'innovation en matière de science du vivant ont monté des partenariats avec les pôles de compétitivité en vue de favoriser les rapprochements entre le monde académique et les partenaires institutionnels et privés.

Inserm Transfert Initiative a levé, en 2012, 35,5 millions d'euros pour l'amorçage en sciences du vivant auprès de ses différents partenaires. L'objectif est de financer sur cinq ans la création et la croissance de quinze à vingt nouvelles start-ups en investissant environ deux millions par projet.

Quant aux liens entre PARCC et Inserm Transfert, sachez que depuis 2005, notre collaboration se traduit par une activité en propriété intellectuelle très forte puisque vingt-quatre brevets ont été déposés et dix-neuf consortia de recherche ont été créés. Nous avons aussi conclu de nombreux contrats industriels de R&D, de licence, d'outil de recherche ou autre.

Inserm Transfert s'inscrit dans l'écosystème du transfert de connaissance puisque nous sommes membres de Covalliance, un comité placé sous l'égide de l'Alliance Aviesan qui coordonne la valorisation de la recherche. Inserm Transfert collabore aussi avec des SATT (Sociétés d'Accélération du Transfert de Technologies) de façon à maximiser l'effort d'investissement dans le transfert des innovations en matière de santé. Nous sommes aussi membre de trois réseaux internationaux dont l'objet est le transfert.

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