Intervention de Michel Sapin

Séance en hémicycle du 2 avril 2013 à 15h00
Sécurisation de l'emploi — Présentation

Michel Sapin, ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social :

Jeune député à l'époque, j'ai eu la chance de faire partie de ceux qui ont vécu ce moment historique où nous avons ouvert des droits collectifs nouveaux dans les entreprises, en particulier celui de négocier, celui précisément d'affirmer cette capacité des travailleurs à peser sur leur destin, pas seulement par leur capacité à résister mais aussi par leur capacité à construire, à définir eux-mêmes les compromis acceptables et à déterminer lesquels sont inacceptables. Ces lois Auroux, c'était la naissance d'un droit et d'un pouvoir.

C'est aujourd'hui de l'exercice de ce droit et de l'affermissement de ce pouvoir qu'il s'agit. Je suis heureux et fier, trente ans plus tard, de défendre devant vous ce texte, né du dialogue social, ce texte pour de nouveaux droits des salariés et pour un pouvoir renforcé des travailleurs.

Quand beaucoup s'effrayaient, il y a trente ans, les plus éclairés des dirigeants d'entreprise avaient déjà perçu la modernité de ces avancées pour le progrès de l'entreprise et de sa performance. La signature apposée par les organisations patronales en bas de l'accord du 11 janvier dernier montre le chemin parcouru pour reconnaître la négociation d'entreprise comme un levier du changement, plus sûr que le conflit, plus juste que l'exercice solitaire du pouvoir patronal.

Dans le monde patronal, dans le monde syndical, dans le monde politique, ici même – j'en suis sûr – sur les bancs de l'Assemblée nationale, je sais que tout le monde ne partage pas cette vision. Tout le monde ne croit pas au dialogue social, à sa force, à sa légitimité.

Ceux qui contestent aux syndicats – même aux syndicats majoritaires – cette capacité et cette légitimité, ceux qui les voient comme des idéologues irresponsables et archaïques, des empêcheurs de tourner en rond, qui leur dénient le droit d'intervenir dans la vie de l'entreprise au nom des salariés, ceux-là combattront cette loi, ceux-là regretteront le temps prétendument perdu à discuter avec les représentants du personnel, ceux-là parleront peut-être de big bang social et libéral, de retour à l'absolutisme patronal érigé en modèle. Ceux-là regarderont avec mépris cet accord du 11 janvier et ce projet de loi.

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