Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 28 mars 2013 à 11h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

Je n'interviens pas pour faire porter à l'actuel ministre de l'économie et des finances la responsabilité de l'entrée de Chypre dans l'Union européenne – ce qui était une erreur – et, encore plus, dans la zone euro, où est entrée une « lessiveuse » en toute connaissance de cause.

Mais une faute politique grave a néanmoins été commise : celle de laisser penser qu'en cas de crise, les épargnants pourraient être lésés. Malheureusement, le mal est fait. Vous n'êtes certes pas seul à porter cette responsabilité, mais l'expérience montre que lorsqu'un ministre s'oppose, ce genre de décision n'est pas pris. La distinction subtile que vous faite entre la taxation et la transformation des dépôts en portefeuilles d'actions dévalorisées n'est politiquement pas convaincante et juridiquement risquée.

L'accord relatif à Chypre, conclu pour un montant de 17 milliards d'euros, n'est pas un bon accord mais une simple rustine dans la mesure où l'économie chypriote, un peu comme la grecque, est inexistante. Il n'y a que de la spéculation, rien d'autre. Avec l'argent du contribuable, vous n'avez donc gagné que quelques semaines ou quelques mois de répit. Mais nous passerons bientôt aux cas suivants que sont Malte et la Slovénie. Nous sommes entrés dans un système de solidarité à répétition sans fin.

Or, ce système coûte à la France 73 milliards d'euros, ce qui représente la totalité de notre déficit budgétaire : 3,5 % du PIB. Nous aurons l'année prochaine des élections européennes et nul doute que d'aucuns s'empareront de cet argument. Il faudra alors expliquer pourquoi nous avons une ligne de crédits ouverte – avec de l'argent que nous n'avons pas – pour des pays qui ne gèrent pas leur économie.

Vous n'avez pas écarté le risque systémique en Europe et la France fait partie intégrante de ce risque, notamment en raison de son taux d'endettement. Je suis extrêmement inquiet de cette situation car rien n'est réglé dans la zone euro pour une raison fondamentale : à l'intérieur d'une même zone monétaire, s'il n'y a pas de convergence fiscale et économique, un trou sans fond s'ouvre pour les contribuables. Le consensus politique ne durera pas longtemps à ce rythme surtout si, au passage, des fautes politiques sont commises qui remettent en cause la confiance des épargnants dans cette zone euro qui prend l'eau de toute part.

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