Madame la présidente, messieurs les ministres, monsieur le président de la commission des finances, M. le rapporteur général, mes chers collègues, il faut rappeler d'abord le contexte dans lequel le budget auquel s'applique cette loi de règlement a été exécuté, et notamment le contexte économique de l'année 2011 : une croissance du PIB de 1,7 % au lieu des 2 % prévus, une inflation repartie à la hausse à 2,1 % et une nouvelle baisse du pouvoir d'achat.
À propos de pouvoir d'achat, ceux qui veulent nous donner des leçons sont précisément ceux qui sont à l'origine de cette baisse. Avec vous, en effet, messieurs, les spéculateurs se sont enrichis en dormant pendant que les travailleurs se sont appauvris en travaillant ! (Protestations sur les bancs du groupe UMP.)
Le taux de chômage a fortement augmenté, vous nous avez d'ailleurs laissé une nouvelle facture de gaz – je vous renvoie à l'actualité. Et je crois que cette répétition de crises – crise sociale, crise économique, crise financière, crise écologique – est le signe du mal profond dont souffre notre pays, mais aussi toute l'Europe.
Le contexte budgétaire de l'année 2011 a été bien sûr la crise de la dette souveraine, avec la mise en place de prêts complémentaires à la Grèce et le renforcement des mécanismes de stabilisation. Mais en 2011, nous avons connu quatre lois de finances rectificatives marquées par l'injustice, qui sont venues modifier les prévisions initiales. C'est le signe de l'impréparation budgétaire, de l'improvisation financière, tout comme les artifices budgétaires en matière de dépenses, qui ne nous ont pas trompés.
La situation du budget de l'État reste en effet très dégradée, avec un déficit plus de deux fois supérieur à celui de 2006. Or, une France endettée, c'est une France dépendante du pouvoir financier. Avec la loi de règlement, c'est l'heure des bilans, mais aussi des choix.
Le gouvernement Fillon, c'est une tragédie budgétaire qui s'est jouée en deux actes. Le premier a eu lieu le 21 septembre 2007, quand la dette française était inférieure à 1 200 milliards d'euros. François Fillon déclara alors : « Je suis à la tête d'un État qui est en situation de faillite sur le plan financier. » MM. Raffarin, de Villepin et Sarkozy ont certainement apprécié cette formule accusatrice, car c'était aussi leur bilan.
Le second acte s'est joué en 2011. Comme le montre la loi de règlement, le déficit est resté à un niveau très élevé : 5,2 % du PIB. En 2012, avec 600 milliards d'euros de dette supplémentaires, soit une hausse de près de 90 % du PIB, supérieure à la moyenne de l'Union européenne ou de la zone euro, votre bilan, c'est bien l'abysse budgétaire. La dette publique française atteint désormais plus de 1 700 milliards d'euros, soit 27 523 euros par habitant.